Parmi les mythiques Aiguilles d'Arves, la Méridionale est la plus haute (d'un tout petit mètre, certes) et celle
dont la voie normale est la plus difficile. Elle est également le point culminant du Massif des Arves et
de Valloire.
Première approche
Au départ du hameau de Bonnenuit,
à Valloire, on commencera par monter au Refuge des Aiguilles d'Arves,
avant de rejoindre le fond de la Combe des Aiguilles. On quittera alors le sentier pour monter au
Col des Trois Pointes, puis on montera à
la Pointe Salvador. On rejoindra alors l'arête
Sud-Est de l'Aiguille Méridionale d'Arves, que l'on remontera jusqu'à la Brèche Brulle. Une fois au niveau
de cette dernière, on suivra la belle vire qui raie la face Est de l'Aiguille Méridionale d'Arves,
puis on remontera cette même face jusqu'au Mauvais Pas, le passage le plus technique de l'itinéraire (5c).
En haut du Mauvais Pas, il ne restera alors plus qu'à remonter l'arête facile jusqu'au sommet.
Pour rentrer, on prendra le même chemin qu'à l'aller, mais une fois de retour en haut du Mauvais Pas,
on descendra par des rappels successifs jusqu'à la vire, qui nous ramènera à la Brèche Brulle.
Itinéraire à suivre
Comme la majorité des itinéraire concernant les Aiguilles d'Arves (au départ de Valloire), celui-ci commence
au parking de Bonnenuit. A noter qu'il est également possible de venir par le vallon du Lac du Goléon :
depuis la Grave, on monte se garer au parking d'Entraigues, puis on va au Refuge du Goléon avant de
rejoindre le pied de la Pointe Salvador,
que l'on remonte jusqu'à son sommet. L'itinéraire est ensuite le même.
Avant de me lancer dans la description de l'itinéraire, je fais une petite digression. Quand j'ai commencé à
partir en montagne "seul" (sans mes parents), en tant que personne "responsable", j'ai très vite eu envie
d'explorer de nouveaux itinéraires, pour découvrir plus que les classiques randonnées très fréquentées, comme
les Trois Lacs et
la Chapelle de Notre-Dame des Neiges
(qui n'en restent pas moins de très beaux itinéraires). C'est ainsi que je me suis lancé à l'assaut du
Grand Galibier (à l'époque ça me
semblait un gros morceau !), ce qui m'a donné envie de m'orienter vers l'alpinisme. Par la force des choses,
j'ai fini par apprendre l'existence du "Défi des 7 Sommets" (qui consiste à gravir le plus haut sommet de
chaque continent). Comme beaucoup de monde, ce défi m'a beaucoup attiré, tout en sachant que je ne pourrai
probablement jamais le réaliser. Puis, je me suis rapidement rendu compte que
le Grand Galibier était le plus haut
sommet du Massif des Cerces. Je me suis alors intéressé à la géographie des Alpes et c'est ainsi que j'ai
découvert que les Alpes Occidentales (en gros tous les massifs qui sont au moins partiellement en France
et le Massif du Grand Paradis (en Italie)) étaient divisées en 39 massifs. En découvrant
"bibliographiquement" ces massifs, je me suis dit que je pourrais me faire ma "version du pauvre" du
"Défi des 7 Sommets", et me faisant mon "Défi des 39 Sommets".
Le Grand Galibier étant déjà fait,
il ne m'en restait "plus que" 38 ! Parmi tous ces sommets, le plus difficile techniquement et celui qui
risquait de me causer le plus de problèmes (à cause de l'exposition au vide notamment) était celui dont il
est question dans cette page : l'Aiguille Méridionale d'Arves. Etant le sommet le plus difficile (bien plus
difficile que le second de la liste ...), je m'étais dit que je le garderai pour la fin. Comme ça, le défi
aurait commencé à Valloire et aurait fini à Valloire, "ma" station. C'en était presque émouvant !
Mais je n'ai finalement pas pu attendre et la Méridionale aura été le 22ème sommet de ma liste.
Mes ascensions de la Barre des Ecrins et du
Mont Blanc s'étant très bien passées avec Jonathan en
tant que guide, je l'ai recontacté pour l'Aiguille Méridionale d'Arves. Pour une fois, j'allais en plus être
"à domicile" et je n'aurai ainsi pas à faire de route pour me rendre sur place ... Sauf que finalement,
j'ai dû inverser ma semaine de vacances à la Clusaz et celle à Valloire (problème de riche, certes) et je
me suis retrouvé à devoir me lever à 2h du matin pour être au parking de Bonnenuit à 5h ...
Bref, trêve de tergiversations, on y va ! Je retrouve donc Jonathan à 5h au parking, mais pour ceux qui
veulent économiser un peu de sommeil, il est également possible de passer la nuit au Refuge des
Aiguilles d'Arves. Le début de l'itinéraire est classique : en haut du parking, on traverse à gué le
Ruisseau de Bonnenuit, puis la Valloirette par une passerelle et enfin le Torrent des Aiguilles par une
autre passerelle. On monte ensuite au hameau des Aiguilles. Le tout à la frontale, à cette heure là !
Une fois au hameau des Aiguilles, on continue sur le chemin qui va vers le fond de la Combe des Aiguilles,
en direction des Aiguilles d'Arves. On passe ainsi au hameau en ruines du Commandraut, puis à un petit
replat sous la Combe du Puy, avant d'arriver au Refuge des Aiguilles d'Arves par le Mauvais Pas
(le Mauvais Pas des randonneurs, rien de bien méchant, surtout par rapport au Mauvais Pas des alpinistes
(passage de 5c), qui est juste sous le sommet de l'Aiguille Méridionale d'Arves).
Une fois au refuge, on continue vers le fond de la Combe des Aiguilles, pour aller au pied des Aiguilles
d'Arves. A mesure que l'on avance, la vue sur les trois géantes se dégage. Arrivé au fond
de la combe, au pied des Aiguilles d'Arves, alors que le sentier continue et tourne sur la droite pour
monter vers le Col de Petit Jean, on quitte
ce dernier sur la gauche pour monter le long couloir qui aboutit à mi-chemin entre le Col des Trois Pointes
et la Pointe Salvador.
La remontée du couloir vers le Col des Trois Pointes et longue et fatigante. C'est un immense éboulis qui
recouvre par endroits une couche gelée bien glissante, sur environ 600 mètres de dénivelé. Il n'y a rien de
bien dangereux, mais il faut rester vigilant si l'on ne veut pas passer plus de temps par terre que debout.
Autant que possible, il faut passer avec des crampons là où il reste de la neige. Sur le haut du couloir par
contre, il y a beaucoup moins de neige et la pente se fait plus forte. On se sert beaucoup plus des mains pour
franchir de courts passages plus verticaux, entrecoupés d'éboulis très glissants. Une fois sur l'arête entre
le Col des Trois Pointes et la Pointe Salvador,
on a bien mérité le droit de s'accorder une petite pause !
Une fois sur l'arête entre le Col des Trois Pointes et
la Pointe Salvador, on rejoint le sommet
(tout proche) de cette dernière. Nous avons laissé crampons et bâtons de marche sur cette arête.
Les nuages nous ayant partiellement enveloppé au sommet, je fais le tout d'horizon photographique (de la
gauche vers la droite) depuis le sommet de
la Pointe Salvador. Passez votre souris sur
le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour la voir entourée sur la photo correspondante.
Après cette petite pause contemplative, on reprend notre chemin. On attaque maintenant l'arête Sud-Est de
l'Aiguille Méridionale d'Arves, que l'on va suivre (en restant plutôt versant Est) jusqu'à la Brèche Brulle.
Sur cette portion, l'altitude ne varie pas trop, mais on n'arrête pas de monter et de descendre, en fonction
des petits ressauts de l'arête.
Après avoir suivi l'arête un bon bout de temps, sans réelle difficulté technique (seule la forte pente sur
la droite peut impressionner), on finit par arriver à la Brèche Brulle. Pour y descendre, le plus simple est
de faire un petit rappel. Juste de l'autre côté de la brèche, on voit la vire de la face Est, que l'on va
devoir suivre.
Après la Brèche Brulle, on suit la longue vire de la face Est de la Méridionale. Le long de cette vire,
on trouve des spits à intervalles réguliers pour s'assurer. Théoriquement, au bout de la vire,
il faut remonter dans la face Est (pas de 3 (escalade)), droit sur la Brèche Supérieure (la première brèche
de l'arête Sud-Est, juste sous le sommet), pour arriver directement au Mauvais Pas. En pratique, nous avons
suivi l'itinéraire qui nous a semblé le "meilleur" et nous sommes revenus sur l'arête Sud-Est bien avant la
Brèche Supérieure. Nous avons donc (à peu près) suivi l'arête jusqu'à rejoindre la Brèche Supérieure.
On arrive enfin au Mauvais Pas, le passage qui m'angoissait tant. Il est facilement reconnaissable avec sa
succession se spits rapprochés. C'est un passage en 5c, il faut donc vraiment escalader, sans que ça soit
techniquement trop compliqué. Au final, je pensais que le vide me bloquerait, mais après tout ce temps
passé dans la face, j'avais fini par m'y habituer (sans être vraiment à l'aise non plus hein ! :) ) et la
plus grosse difficulté pour moi a été de récupérer les dégaines tout en montant. De toute façon, avec les
nuages qui nous entouraient, on ne voyait pas grand chose en direction du bas ...
Une fois le Mauvais Pas franchi, on est presque au sommet. Il suffit de remonter un genre de petit couloir
pour rejoindre (encore une fois) l'arête Sud-Est, qui est ensuite assez facile. On atteint ainsi rapidement
le sommet.
Et voilà, on arrive enfin au sommet, à 3514 m ! Pour moi, c'est un grand moment, depuis toutes ces
années que je vois les Aiguilles d'Arves d'un peu partout, je suis enfin au sommet de la plus haute,
qui est également le point culminant de Valloire, "ma" station. Je ne pensais pas y arriver si tôt dans ma
vie, j'envisageais plutôt de l'atteindre 2 à 3 ans plus tard. L'appel de la montagne a finalement été
plus fort que prévu !
J'aurais vraiment aimé pouvoir faire un tour d'horizon photographique complet depuis le sommet,
malheureusement les nuages en ont décidé autrement. Je mets donc les quelques photos où l'on voyait
quelque chose. Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour la voir
entourée sur la photo correspondante.
Après une bonne pause au sommet, on attaque la redescente. On redescend la partie supérieure de l'arête
Sud-Est, jusqu'à arriver au premier relais. Il permet de redescendre en rappel ce que j'avais qualifié à
la montée de "genre de petit couloir", au-dessus du Mauvais Pas. Par un second rappel, on redescend ensuite
à la Brèche Supérieure.
Ensuite, les topos parlent de 3 rappels de 50 mètres pour rejoindre la vire horizontale de la face Est.
Après 3 rappels où les 50 mètres de cordes amenaient tout juste au relais suivant, voire étaient trop courts
(60 m seraient plus appropriés), nous avons dû (Jonathan a dû :) ) poser un quatrième relais (quatrième
depuis la brèche Supérieure, sixième depuis le sommet), pour finir de descendre jusqu'à la vire. Peut-être
avons-nous manqué quelque chose sur la fin ... Si les suivant font comme nous, au moins ils auront un relais.
Une fois en bas du sixième rappel, au niveau du rocher "plateforme" (attention, un rocher lui ressemble
un peu, au début du sixième rappel, ne pas se tromper), on reprend la vire de la face Est, qui nous ramène
"tranquillement" à la Brèche Brulle.
Une fois de retour à la Brèche Brulle, on fait quelques derniers pas d'escalade pour la re-franchir,
puis il ne reste plus qu'à re-parcourir l'arête Sud-Est de l'Aiguille Méridionale d'Arves jusqu'à
la Pointe Salvador.
Une fois de retour à la Pointe Salvador,
on redescend en direction du Col des Trois Pointes, on récupère les affaires que l'on avait laissées là
(crampons, bâtons, ...) et on attaque la dernière difficulté de l'itinéraire : la redescente dans la
Combe des Aiguilles. Comme à la montée, c'est surtout le haut du couloir qui pose problème. Des plaques
de glace se cachent sous une fine couche d'éboulis et on finit facilement sur les fesses. Plus on s'approche
du bas du couloir, plus la descente est facile. A la fin il est même presque frustrant de redescendre si vite
ce que l'on a eu du mal à monter le matin même.
De retour dans la Combe des Aiguilles, on remonte un peu sur le versant d'en face pour revenir sur le
chemin qui nous ramène rapidement au Refuge des Aiguilles d'Arves. Ensuite, l'itinéraire déroule tout aussi
vite jusqu'au hameau des Aiguilles. Depuis ce dernier, la redescente vers le parking de Bonnenuit est elle
aussi très rapide.
Et voilà, ainsi s'achève cette belle course d'alpinisme, sur le toit de Valloire et du Massif des Arves.
Pas très technique, à part au niveau du Mauvais Pas, l'itinéraire nécessite quand même du matériel
d'alpinisme (corde, dégaines, ...) car le vide est omniprésent, et la moindre erreur ne pardonnerait pas
sans ces protections. Pour les amoureux des courses sauvages et peu fréquentées, celle-ci est idéale !
Cet itinéraire est une course d'alpinisme cotée AD. Le passage du
Mauvais Pas, juste sous le sommet, est du 5c. Le vide est omniprésent sur cet itinéraire. N'hésitez pas
à faire appel à un guide.