La randonnée de la Pointe des Cerces fait partie de ces randonnées qui me donnent l'impression
de "gravir un sommet". Pas d'alpinisme loin de là, mais le fait de passer au-dessus de 3000 mètres,
de devoir prendre un peu sur soi et d'évoluer dans un environnement légèrement plus risqué que d'habitude rendent la randonnée
d'autant plus intéressante à mes yeux.
Première approche
Pour ce qui est de ma notation (tout à fait subjective), j'ai mis 4/5 en engagement
mais seulement 3/5 en exposition, car même si un passage dans un couloir de neige peut être assez impréssionnant,
le danger n'est pas franchement présent. La chute entrainerait juste une longue glissade qui vous condamnerait à
remonter tout ce que vous auriez glissé. Le danger réel vient plus du fait qu'en cas de changement de météo soudain,
le sommet est très exposé.
Itinéraire à suivre
Le départ s'effectue comme pour les 3 Lacs, à Plan Lachat.
Je ne vais pas sur-détailler la montée jusqu'au Lac des Cerces qui a déjà été décrite dans le récit de
la randonnée des 3 Lacs.
Comme pour beaucoup de randonnées qui partent de Plan Lachat
(le Grand Galibier, les Cols du Chardonnet,
le Lac des Béraudes, ...) : direction les Mottets par la piste, puis le Lac des Cerces
par le sentier en passant devant le fraidier.
Une fois au Lac des Cerces, le plus simple est de monter au Col des Cerces par le chemin "habituel".
Vous pourriez monter par le cirque derrière le Lac des Cerces, mais ça ne serait pas franchement une bonne idée.
L'hiver on peut passer dans une faille avec un rocher coincé un peu en hauteur (passage que l'on ne voit pas depuis le bas),
mais l'été la neige trop instable rend le passage délicat (voir dangereux). Vous finiriez sans doute par vous rabattre sur la solution
"trouver un passage dans les pentes herbeuses de la falaise" (la falaise centrale, visible dans la photo suivante),
ce qui ne serait vraiment pas une bonne idée (c'est l'expérience qui parle !).
Une randonnée de laquelle on rentre vivant étant toujours plus apréciable, on passa donc par le Col des Cerces.
Une fois au col, un panneau indique la direction de la Pointe des Cerces avec la mention "Itinéraire montagne non balisé".
On suit donc le petit sentier qui part sur la droite au col et qui va mener au-dessus des falaises du cirque de tout à l'heure.
Ce sentier passe en fait entre deux falaises (une au-dessus, une en dessous), par moment des à-pics peuvent impressionner,
mais si l'on fait attention il n'y a aucun danger. Durant la progression, on a une très belle vue sur le Lac des Cerces.
Une fois au pied de la Pointe des Cerces, une combe généralement neigeuse s'ouvre à nous.
Il faut alors passer par le névé du bas et rejoindre celui du haut par le goulet assez pentu qui est enneigé sur toute sa longueur,
comme indiqué sur l'image suivante.
On se dirige donc vers le goulet neigeux qui sera la principale difficulté physique de la randonnée. On profite,
comme durant presque toute la balade d'une belle vue sur le Galibier.
Le passage du goulet neigeux est assez raide et peut être grandement facilité par l'utilisation de piolet et de crampons bien
que ces équipements ne soient pas obligatoires. Plusieurs techniques sont possibles pour monter : serpenter dans la neige,
essayer de trouver le chemin dans la roche sur la droite du goulet ou bien monter droit dans la pente neigeuse.
Je trouve le passage dans les rochers plus risqué que par la neige, c'est pourquoi j'évite d'y passer.
Je choisi généralement la dernière option qui est la plus rapide bien que plus physique que les autres.
Sans piolet ni crampons, le premier à passer doit creuser des marches dans la neige à coups de pieds, ce qui fatigue très vite.
Après avoir atteint le haut du goulet, on a une vue direct sur sommet. Il suffit alors de se diriger droit
dans sa direction.
Durant la fin de l'ascension, on peut voir de très près le Rocher de la Sauma (la pointe à l'Ouest de la Pointe des Cerces).
Il y a souvent des aigles dans le coin.
Voilà enfin le sommet marqué de deux croix, à 3098 mètres d'altitude et une vue à 360° sur toutes les
montagnes et vallées alentour.
Le Galibier,
le Thabor, les Ecrins, la Meije, ...
Quelques photos seront plus explicites.
Pour redescendre, si vous n'avez pas prévu de skis (ce qui est fort probable) il vous faudra alors retraverser le névé à pied.
Il est plus facile et moins "froid" de courir plutôt que de marcher, mais la "glissade sur fesses" reste tout de même la solution ultime.
Vous finirez une bonne partie de la randonnée avec les fesses froides et mouillées, mais ça vaut largement le coup !
Le principal étant de ne pas prendre trop de vitesse et de faire très attention aux pierres.
En Juillet il est généralement possible de redescendre du sommet de la Pointe des Cerces jusqu'au pied du goulet raide
en une seule glissage. Avant le goulet, il est préférable de s'arrêter pour vérifier qu'il n'y a pas d'obstacle dans la pente
(il y a souvent des cailloux au milieu de la neige à cet endroit). Il faut également faire attention à ne pas prendre trop de vitesse,
car il m'est déjà arrivé d'y laisser un short ... La photo est un peu trop "hot" pour être mise sur ce site malheureusement !
On reprend ensuite la randonnée sur ses pieds pour rejoindre le Col des Cerces puis redescendre vers le Col des Rochilles
en surplombant le Lac du Grand Ban.
On continue vers le Camp des Rochilles, puis la redescente finale s'effectue comme pour toutes les autres randonnées qui finissent ici,
c'est à dire par la piste ou par le chemin qui coupe les lacets de la piste sur la gauche ou par le chemin de droite
qui arrive presque à Plan Lachat sans passer aux Mottets. Faites votre choix !
Juste après le camp, quand la vue sur la vallée de la Valloirette de dégage, on peut voir d'autres sommets qui font l'objet de
belles randonnées, comme le Pic des 3 Evêchés et la Roche Olvéra.
La fin de l'itinéraire se fait sans problème jusqu'à Plan Lachat, avec l'agréable sentiment d'avoir "gravi un 3000".