Point culminant du Massif de la Lauzière, le Grand Pic de la Lauzière est la transition parfaite de la randonnée
à l'alpinisme. Un petit glacier facile et une belle arête rocheuse qui n'est pas trop exposée au vide vous permettront de
faire vos premiers pas en autonomie dans le monde de l'alpinisme.
Première approche
Au départ de la route du côté Nord du Col de la Madeleine, juste au-dessus du lieu-dit de la Valette, on va
commencer par remonter la Combe de la Valette en passant par le chalet de la Rame au Vieux, pour arriver au
pied du Glacier de Celliers. On remontera alors ce dernier jusqu'au pied de l'arête Nord du Grand Pic de la
Lauzière. Enfin, on remontera prudemment cette arête pour atteindre le sommet. Le retour s'effectuera par le
même itinéraire.
Itinéraire à suivre
Sur CampToCamp, cet itinéraire est coté comme de l'alpinisme F (facile) et en même temps comme une randonnée
T5 (très difficile). Et c'est également le ressenti que j'en ai, même si pour moi ce serait plutôt de
l'alpinisme, étant donné que l'on traverse un glacier et que l'arête finale est un (tout petit) peu technique.
Pour ma part, j'avais pris mes crampons et mon piolet. Certains diront que ce n'est pas la peine, mais je
préfère toujours privilégier la sécurité. Une corde pourra également être utile pour assurer une personne en
manque de confiance sur l'arête.
Tout le matériel est prêt ? Alors c'est parti ! Depuis Valloire, il faut environ 1h30 de route pour rejoindre
le point de départ de cette randonnée, situé du côté Nord du Col de la Madeleine, juste au-dessus du lieu-dit
de la Valette, vers 1600 mètres d'altitude. De là, il faut suivre la piste qui monte dans la Combe de la
Valette.
On commence par suivre cette piste (qui devient rapidement un sentier) tant bien que mal (elle se perd un peu
par moments ...) jusqu'au chalet de la Rame au Vieux.
Après le chalet de la Rame au Vieux, on continue de monter et on arrive ainsi à un carrefour. A cet endroit,
il faut continuer tout droit et suivre la direction "Le Grand Pic de la Lauzière".
On continue alors cette interminable montée (un peu plus de 1200 mètres de dénivelé en 4,5 km, soit environ
275 mètres de dénivelé par kilomètre parcouru) en serpentant à travers les alpages de la Combe de la Valette,
jusqu'à atteindre la moraine frontale du Glacier de Celliers.
Une fois au pied de la moraine frontale du Glacier de Celliers, on tourne sur la gauche pour prendre une
direction Sud et ainsi s'orienter vers notre objectif que l'on découvre enfin. Pour remonter la moraine,
une trace serpente entre les pierres, mais si vous ne la trouvez pas, pas de crainte : il suffit de marcher
vers le Grand Pic de la Lauzière pour atteindre le pied du Glacier de Celliers.
Comme on le voit sur la photo précédente, le Glacier de Celliers est plat en bas, puis se redresse pour former
une première partie pentue, avant un replat, suivi d'une deuxième partie pentue. Même si certains trouveront
que je fais du zèle, j'ai mis mes crampons pour remonter le glacier : c'est bien plus facile comme ça. Il faut
également faire attention aux rochers qui peuvent tomber de la face Nord du Grand Pic de la Lauzière (je n'en
ai pas vu, mais plusieurs personnes m'ont mis en garde). Dans la deuxième partie pentue, on quitte le
glacier sur la droite pour rejoindre le pied de l'arête Nord.
Une fois que l'on a quitté le glacier, on peut "abandonner" crampons, piolets et bâtons de marche : sur
l'arête ils ne seront d'aucune utilité (s'il n'y a plus de neige). Pour atteindre le sommet, il suffit de
suivre la trace existante. Cette dernière n'est pas toujours évidente et se perd un peu, mais dans le doute,
il faut toujours passer là où cela semble "évident". Normalement, vous devriez vous en tirer !
Pour remonter l'arête Nord, on se sert pas mal des mains et on serpente beaucoup entre des grosses pierres.
Une fois au sommet, la vue est magique. Le seul petit bémol est qu'il doit être difficile d'être plus de 4 ou
5 la-haut. Pour ma part, j'ai eu de la chance, j'étais seul (la photo avec des gens qui montent a été prise à
la redescente). Comme d'habitude depuis un sommet, je fais un petit tour d'horizon photographique (de la
gauche vers la droite). Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour la
voir entourée sur la photo correspondante.
Difficile de se décider à redescendre depuis ce pic à la vue panoramique si belle. Au sommet, on a vraiment
la sensation d'être en haut de "quelque chose de pointu", sans pour autant se sentir proche du vide. C'est
vraiment très agréable. Pourtant, il faut bien se résoudre à rentrer un jour ou l'autre ... La descente de
l'arête Nord est comme la montée : il faut faire attention à ne pas faire tomber de pierres. La chute n'est
pas permise même s'il n'y a pas vraiment de mouvement complexe à faire pour redescendre.
Une fois de retour sur le Glacier de Celliers, on se ré-équipe puis on le redescend.
Durant toute la descente du Glacier de Celliers, on a les yeux rivés sur
le Mont Blanc
Une fois de retour au pied du Glacier de Celliers, on suit au mieux les cairns à travers l'univers rocheux qui
nous entoure, pour rejoindre le chemin de la Combe de la Valette.
Ensuite, c'est relativement simple : on redescend au carrefour marqué d'un panneau de randonnée, puis au
chalet de la Rame au Vieux et au parking d'où nous sommes partis. En chemin, il est relativement facile de
partir dans la mauvaise direction en suivant un mauvais sentier. Heureusement, on s'en rend rapidement compte
et il est tout aussi facile de revenir sur le bon chemin en coupant "à travers champs".
Et voilà, c'est la fin de cette randonnée-initiation à l'alpinisme. Je me suis attaqué à ce sommet le
lendemain du Trail du Galibier 2016, sur la route du retour vers la Région Parisienne : je voulais me faire
une dernière petite sortie avant de retourner bosser. Je ne m'attendais vraiment pas à aimer autant cet
itinéraire pourtant si ingrat sur le papier : une montée soutenue et continue sur plus de 1200 mètres de
dénivelé. Une chose est sûre, j'y reviendrai !
J'apporte une dernière précision, car je sais que la question me sera posée. Est-il possible de faire ce
sommet, sans matériel d'alpinisme spécifique (piolet, crampons, casque, corde, ...) ? Ce jour là, j'étais le
seul à avoir du matériel. Les autres personnes étaient équipées en "simples randonneurs". Alors, est-ce une bonne
idée de monter la-haut sans matériel ? Chacun a sa propre réponse ... J'ai par exemple jugé que je pouvais le
faire seul (donc pas encordé) aux vues de l'état agonique du Glacier de Celliers. L'inclinaison du glacier
rend le piolet superflu (des bâtons suffisent amplement). Les crampons étaient
quant à eux bien utiles pour monter efficacement et sans trop se fatiguer. La réponse est donc "bien
évidemment que c'est possible". Mais je ne le conseillerais tout de même pas. Ce n'est pas parce que 1000
personnes sont passées sans problème qu'il n'y a pas de danger. A vous donc de juger. Par contre, concernant
le casque, je le considère "obligatoire", les chutes de pierres étant bien trop probables à mon goût.
Le Glacier de Celliers est petit et n'est pas très pentu, mais il reste
un glacier avec les dangers qui vont avec. L'arête finale est très exposée au chutes de pierres : casque
"obligatoire". Quelques passages aériens.