Petit sommet secondaire qui vit dans l'ombre du
Grand Galibier, le Roc Termier ne se laisse pas
gravir aussi facilement que le maître des lieux. Ici, le mot-clé est "prudence".
Première approche
Au départ de Plan Lachat, on ira d'abord au Lac des Cerces avant de rejoindre
le Col de la Ponsonnière, puis le Col Termier.
De là, on gagnera le sommet par un itinéraire - il faut bien l'admettre - relativement dangereux. Pour la redescente,
on reviendra au Col de la Ponsonnière par le même
itinéraire, puis on redescendra par le Plan de la Ja, pour revenir directement aux Mottets, puis à Plan Lachat.
Mise en garde
Exceptionnellement je commence par une mise en garde. Ce sommet est réellement dangereux. Plus précisément,
c'est la petite traversée en face Nord, qui fait environ 50 mètres, qui est dangereuse. Il m'est souvent
arrivé d'être inquiet dans certains passages un peu délicats (le couloir de
l'Obiou, la face Est
d'Arcalod, les couloirs Sud-Est et Nord-Ouest du
Pic de la Moulinière,
la via ferrata de la Marmolada sous une météo
exécrable, ...), mais cette fois-ci je n'étais pas de l'inquiet : j'avais peur. Pour prendre l'exemple
d'Arcalod, maintenant que je suis bien détendu devant mon
ordinateur, je me rends bien compte que si l'on reste vigilant, il est difficile d'avoir un accident. Plus
généralement, dans les situations évoquées précédemment, je n'étais pas fier sur le coup, mais aujourd'hui
j'en garde de très bons souvenirs et j'y retournerais sans hésiter si j'en avais l'occasion. Concernant
l'itinéraire dont il est question dans cette page, aujourd'hui encore, le souvenir du passage exposé sous le sommet
me rappelle à quel point je me suis senti mal. Le passage exposé en question est une vire en fort dévers juste
au-dessus d'une falaise. Le sol de cette vire est fait de très fins éboulis totalement instables et les rares
rochers qui dépassent sont extrêmement friables. Pour faire simple, la moindre esquisse de glissade ne peut
qu'avoir une issue tragique. Certains trouveront que je suis peut-être un peu trop alarmiste, ou pas très
courageux, mais je tiens à ce que chaque personne qui s'apprête à tenter ce sommet soit consciente du danger.
A titre de comparaison, j'avais eu des retours comme quoi
le Grand Pic de la Lauzière aussi avait
quelques passages exposés. Je l'ai fait 3 jours après et je n'ai jamais ressenti la présence d'un vide pouvant
m'intimider (sur la voie normale). Je ne pense donc pas être plus angoissé que la moyenne par ce type de danger
et c'est pourquoi je pense que mon "alerte" sur le Roc Termier est justifiée.
Après, je ne vous dis pas non plus de ne pas faire ce sommet. J'ai eu très peur mais je ne regrette pas du
tout de l'avoir fait. On a très souvent une raison de choisir un sommet plutôt qu'un autre. Pour ma part j'en
avais deux : je me suis donné pour objectif (un peu étrange certes) d'atteindre tous les sommets de Valloire
qui font plus de 3000 mètres et une Géocache se trouve au sommet. J'étais donc déterminé à y arriver. Si
vous êtes également dans ce cas, j'espère que cette page vous aidera. Par contre, il va sans dire que si
vous chercher juste un petit itinéraire tranquille, vous pouvez passer votre chemin.
Itinéraire à suivre
Cette fois c'est bon. Il fait beau, pas de vent et on a le mental au top. C'est parti ! Depuis Valloire,
on commence par aller se garer à Plan Lachat. Ensuite, on prend la piste qui monte aux Mottets.
Une fois aux Mottets, on quitte la piste qui va au Camp des Rochilles pour prendre le sentier qui monte
au Lac des Cerces. En chemin, on passe devant un fraidier, une sorte de frigo ancestral (l'air à l'intérieur
reste frais car un ruisseau passe juste en dessous).
Au Lac des Cerces, on se dirige alors sur la droite (vers le Sud), pour rejoindre
le Col de la Ponsonnière. En chemin, notre
objectif se découvre.
Je suis passé assez vite jusque là, l'itinéraire étant déjà bien décrit dans d'autres pages, comme celle du
Col de la Ponsonnière par exemple. Depuis ce
col, on a une superbe vue sur le vallon du Grand Lac.
Une fois au Col de la Ponsonnière, on
continue sur la droite en suivant l'itinéraire classique du
Grand Galibier, sur la Crête de la
Ponsonnière. On passe ainsi en surplomb du Lac Blanc, avant d'arriver au pied du Roc Termier, pour enfin
remonter au Col Termier.
La montée au Col Termier se fait assez rapidement et sans problème. Le chemin est bien marqué.
Une fois au Col Termier, on se trouve alors face au
Grand Galibier. Vu d'ici la montée
peut paraître impressionnante, mais elle est en fait très facile. Dommage, car ce n'est pas notre chemin !
Pour le Roc Termier, il nous faut redescendre un peu sur le Lac Termier pour arriver au niveau de l'épaule
qui remonte en pente douce vers le sommet du Roc Termier (sur la gauche).
On quitte alors le chemin pour attaquer la pente douce qui monte vers le sommet (on marche vers le Sud-Est).
Au début c'est très facile, puis quand on voit enfin par dessus la crête, l'épaule se fait de moins en moins
large et on monte dans des pierres de plus en plus grosses, jusqu'à arriver au passage problématique.
On attaque alors la partie verticale, qui reste facile tant qu'elle est au-dessus de l'épaule par laquelle on
est arrivé. Ensuite, ça va se corser ...
On se trouve donc à l'entrée de la zone dangereuse. La vire évoquée dans la mise en garde se trouve juste
devant nous. Sur la droite, un petit couloir mène directement au sommet. Malheureusement, comme je l'ai déjà
dit, le rocher est totalement pourri. A chaque fois que vous vous accrocherez à ce qui semble être une pierre
solide, celle-ci s'arrachera et vous restera dans la main. Si je ne vous ai pas encore convaincu, sachez
qu'en arrivant en haut de ce couloir, un court passage d'escalade en dévers vous attend (vous serez donc plus
qu'à la verticale, carrément penché en arrière). Est-ce vraiment une bonne idée sachant que la gravité ne vous
plaquera plus contre la paroi, mais vous en arrachera (tout en gardant en tête que chaque rocher vous reste
dans les mains aussitôt que vous vous y accrochez) ?
La réponse est évidente. Mais, ce n'est pas grave, car aujourd'hui, vous vous sentez pousser des ailes, vous
êtes chaud ! Le Roc Termier, vous allez vous le faire ! Et ce n'est pas un vulgaire couloir avec quelques pas
d'escalade en dévers qui aura raison de vous. Avant de vous lancer écoutez quand même mon dernier argument.
En haut de ce couloir, si vous réussissez à ne pas tomber dans le passage en dévers, vous serez alors
confrontés à une pierre qui barre la suite du couloir. Il vous faudra l'enlever le plus délicatement possible
pour que la prise à laquelle votre main qui vous maintient à la paroi ne parte pas en miette.
Et quand bien même vous y arriveriez, la "pierre-barrage" libérerait alors le tas d'éboulis qu'elle retient
et ceux-ci vous entraineraient dans leur chute. Vous l'aurez donc compris, le couloir est - selon moi -
définitivement une mauvaise idée. Les hivers futurs le purgeront peut-être, mais bon, je préfère vous dire de
ne pas y passer. Prenez plutôt la vire, très délicate certes, mais la probabilité de survie n'y est pas nulle.
Mais n'oubliez pas que ce que vous faites dans un sens, il faudra le refaire dans l'autre ... Et pour ceux
qui voudraient poser des points d'ancrage, le rocher est vraiment trop friable et ne le permet pas.
La "photo-plan" suivante résume bien la situation.
On se lance donc dans la traversée de la vire, avec la plus grande prudence. Le couloir semble attrayant au
début mais ... NON ! Une fois dans le passage en dévers, en cas de chute vous voleriez directement au-dessus
de la vire sans même avoir une vaine chance de vous accrocher à quoi que ce soit qui de toute façon se
casserait, pour tomber de la falaise qui fait une centaine de mètres. Un genre de "allez directement en
prison sans passer par la case départ" version montagne.
Une fois dans la dernière partie de la vire, il faut tourner à droite pour rejoindre le sommet dès que la
pente le permet. Faites attention de bien repérer l'endroit par lequel vous arrivez, car il faudra
redescendre exactement par le chemin inverse pour retrouver la vire. Sinon ... falaise !
Avant toutes les photos traditionnelles, je déloge rapidement la Géocache, je log le logbook et je la valide
même sur l'application Android. Quitte à ce que ça finisse mal, autant que j'ai au moins une trace
officielle de mon passage !
Allez, on s'accorde tout de même une petite pause pour faire le traditionnel tour d'horizon photographique
(de la gauche vers la droite). Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo
pour la voir entourée sur la photo correspondante.
Je finis avec une petite vue panoramique.
Bon ben ... On a beau repousser ce moment un maximum, on ne va pas passer la nuit là haut. Sachant que j'ai
mis un peu plus d'une heure à franchir le passage exposé à l'aller, ça risquait d'être long aussi pour le
retour (bien que toute la phase d'exploration ne soit plus à faire). On retourne donc sur la vire par là où
l'on est arrivé.
Puis on la retraverse, en direction du couloir.
Comme à l'aller, on fait un petit crochet dans le couloir pour éviter de passer directement à l'aplomb de
la falaise.
On est alors enfin de retour dans la partie "tranquille" de l'itinéraire. Il ne reste plus qu'à redescendre
sur l'épaule qui mène au Lac Termier.
On arrive très rapidement au Lac Termier.
Comme il était environ 19h, j'ai eu droit (en guise de récompense) au passage d'un gros bouquetin qui
profitait du fait que tous les randonneurs soient partis pour venir boire un coup. Il n'avait pas l'air
d'avoir très peur de moi et s'est laissé approché de très près.
Après cette belle rencontre, il est maintenant temps de redescendre sur
le Col de la Ponsonnière. On
repasse donc le Col Termier pour redescendre vers la Crête de la Ponsonnière et donc revenir au
Col de la Ponsonnière.
Une fois de retour au Col de la Ponsonnière,
plutôt que de redescendre par le Lac des Cerces d'où nous sommes venus, on rentre par le Plan de la Ja. Pour
cela, il faut prendre le tout petit chemin qui redescend sur la gauche, vers le fond du vallon.
En théorie, il faut marcher en rive gauche du Ruisseau de la Ponsonnière. Sur la carte en bas de la page,
on voit que la trace GPS remonte sur le versant Est du vallon. C'est simplement parce qu'un patou (chien
de protection des troupeaux) m'a attaqué. J'avais pourtant bien vérifié que des moutons ne se trouvaient
pas dans le fond du vallon avant d'y descendre. En effet, vue l'heure avancée, les chiens commencent à se
faire un peu plus agressifs envers les visiteurs. Après avoir "vaincu" le Roc Termier, je pensais que
j'en avais fini avec le danger, mais non ... J'ai vu un chien sortir de nulle part et me courir dessus
à pleine vitesse. Comme d'habitude devant un patou, j'ai adopté l'attitude qui convient : j'ai
commencé à me dérouter pour contourner la zone qu'il semblait défendre. En général les patous s'arrêtent
quand on fait ça. Pas celui-là ... J'ai alors compris que je devais courir car celui-ci ne s'arrêterait
pas. Heureusement j'avais mes chaussures de trail (et non celles d'alpinisme) et mes bâtons. J'ai donc
couru vers la paroi rocheuse la plus proche de moi, avec les bâtons pointés vers l'arrière. J'ai senti
que ça a tiré un bon coup juste avant d'escalader la petite barre rocheuse qui m'a servi de refuge.
C'est alors que cet imbécile de chien (je fais beaucoup d'efforts pour rester courtois là ...) s'est mis
à essayer de me croquer par en bas, puis il est monté pour essayer de m'avoir par en haut. Sur la carte
en bas, on voit bien la barre rocheuse dans laquelle je me suis perché si l'on passe en vue satellite.
J'étais complètement terrorisé à l'idée de devoir tuer ce pauvre (pas si pauvre que ça ...) chien à
coups de bâtons pour ne pas finir dévoré (sous le coup de la peur on imagine les pires situations ...).
J'ai l'habitude de me faire intimider par les patous et je pense que mon attitude est la bonne puisque
je n'ai jamais eu de problème et que les chiens se sont toujours contentés de rester à bonne distance en
aboyant. Je ne suis pas le genre de personne à passer à travers un troupeau bêtement, surtout quand le
berger n'est pas là. Je laisse toujours le plus de distance possible entre moi et les bêtes pour ne pas
être identifié comme une menace. Mais cette fois, il n'y avait pas le moindre mouton, ce chien était
juste agressif et dangereux.
Je conclus juste sur le sujet en précisant que je trouve ça tout à fait normal de se faire intimider
par un patou à proximité d'un troupeau, car il est là pour ça. Je ne veux pas rentrer dans le débat sans
fin sur le loup, mais il faut arrêter de s'en servir comme prétexte pour laisser des chiens d'attaque
totalement hors de contrôle en liberté. Voilà, j'espère n'avoir vexé personne, ce n'était pas le but.
Cette mauvaise expérience est la seule du genre qui m'est arrivée sur Valloire en plus de 20 ans et
elle est - je pense - à mettre sur le compte de "la faute à pas de chance".
On continue de suivre le Ruisseau de la Ponsonnière en rive gauche jusqu'à revenir aux Mottets.
On revient ensuite simplement à Plan Lachat par la piste qui redescend.
Et voilà, c'est la fin de cette randonnée haute en émotions. Tout le danger de cet itinéraire réside dans la
traversée de la vire exposée. Cette dernière nécessite la plus grande prudence, car dans ce
rocher totalement pourri, l'erreur est interdite. Quant au chien fou, je lui souhaite que sa colère
intérieure se dissipe. ;-)
L'accès au sommet est extrêmement dangereux. La vire finale est très
exposée et aérienne. Il est impossible de s'assurer car le rocher est totalement pourri. A ne tenter que
si l'on est vraiment sûr de soi.