Itinéraire à la fois très exigent et exhaustif, partir à l'assaut du Mont Buet vous fera découvrir forêts,
prairies alpines, lacs, gorges, arêtes, haute montagne et passages vertigineux, mais le tout au prix d'environ
32km et surtout 2350m de dénivelé. Une sortie incontournable pour tous randonneurs confirmés.
Première approche
Au départ de Salvagny (du Parking de la Feulatière plus précisément), on commencera par rejoindre le Refuge
du Grenairon, avant de parcourir la crête des Frêtes du Grenier, pour ensuite aller au Lac du Plan du Buet.
C'est alors que l'on attaquera la partie la plus technique de l'itinéraire : il faudra monter à la Crête de
la Montagne des Eves pour rejoindre le sommet du Mont Buet par le passage câblé de l'arête Nord du Buet. Pour
la redescente, on passera par le Grenier de Villy et son "redoutable" passage de la Chaîne. On redescendra
ainsi aux Beaux Prés, puis au Refuge des Fonts, par un chemin qui peut être assez escarpé par moments. Enfin,
du Refuge des Fonts, on rejoindra simplement Salvagny par la piste.
Avant de se lancer, je tiens à faire une petite mise en garde. Cet itinéraire est vraiment très long et les
2366m (ici on est précis !) de dénivelé ne s'avalent pas comme ça. Si pour une personne sportive ayant une
bonne expérience alpine, cet itinéraire ne pose aucun problème, cette randonnée ne doit pas être envisagée
par des personnes qui n'ont pas l'habitude des longs efforts physiques ou qui ne sont pas un minimum
familières avec la haute montagne. Même si certains diront "non mais c'est bon, ça passe sans problème", je
pense (c'est un point de vue personnel, certes) qu'il serait inconscient de dire que cet itinéraire est
techniquement accessible à tous. Je vois mal un groupe de randonneurs qui ne seraient jamais sortis des
chemins bien tracés en totale autonomie dans des passages tels que celui des câbles de l'arête Nord du Buet,
en particulier dans de mauvaises conditions comme par exemple en présence d'un vent glacial ou lors d'un
changement brutal de la météo.
Dernière petite précision : il est possible de couper la difficulté physique de l'itinéraire en deux en
passant une nuit au Refuge du Grenairon. Cela fait une première journée à 8km pour 1000m de dénivelé et
une seconde à 24km pour 1300m de dénivelé. La deuxième journée reste donc assez grosse, surtout qu'elle
comporte toutes les difficultés techniques.
Itinéraire à suivre
Notre itinéraire commence donc à Salvagny, sur la commune de Sixt-Fer-à-Cheval. Etant donné que pour nous,
cette sortie aura duré 11h41, je vous conseille de ne pas partir tard. En partant à 9h55 nous sommes rentrés
à 22h15 : nous avons donc fini à la frontale. Et en calculant, on se rend compte que nous ne nous sommes
accordés seulement 40 toutes petites minutes de pause en 12h20 ... Ca ne fait vraiment pas beaucoup, mais
on ne peut pas trop se permettre de traîner.
L'itinéraire commence plus exactement au Parking de la Feulatière. Etant donné que nous logions à Salvagny,
nous n'avons pas voulu prendre la voiture pour 1km et nous sommes donc partis depuis l'hôtel. Au Parking de
la Feulatière, il faut quitter la route et prendre la piste qui monte dans la forêt en direction du Refuge
du Grenairon et du Mont Buet (des panneaux de randonnées indiques ces directions). Le Refuge du Grenairon
est indiqué à 3h35 et le Mont Buet à 7h35. En marchant bien, mais en prenant quand même le temps de faire
presque 800 photos sur la totalité de l'itinéraire (le tri a été trèèèèès long ...), nous avons mis 6h30
pour rejoindre le sommet (en comptant le temps de pause du midi) et 2h20 pour la montée au Refuge du
Grenairon.
Une fois engagé en direction du Refuge du Grenairon, c'est une interminable montée dans la forêt qui
commence. Heureusement, l'itinéraire est ponctué par de superbes points de vue, en particulier en direction
de la vallée de Samoëns. Les traversées de deux cascades viennent également rompre la monotonie de cette
montée. En chemin il est difficile de se perdre, car les rares fois où des chemins se croisent, des panneaux
de randonnées indiquent le Refuge du Grenairon.
Sur la fin de la montée, on sort de la forêt et la vue se dégage en direction du
Grand Mont Ruan.
Juste avant d'atteindre le Refuge du Grenairon, on passe du versant Nord-Ouest au versant Sud-Est de la
montagne et on a alors une superbe vue sur les Rochers des Fiz.
En arrivant au Refuge du Grenairon, on découvre en même temps notre objectif du jour : le Mont Buet. Il
semble très loin vu d'ici ... et il l'est !
Après une petite pause au Refuge du Grenairon, on repart et le style de la randonnée change peu à
peu : d'une montée sur un chemin très bien marqué en forêt au départ, on marche peu de temps sur un chemin
encore assez évident dans des prairies alpines, avant d'arriver sur la crête des Frêtes du Grenier. Cette
crête n'est pas très effilée et n'est donc pas très impressionnante, mais par moments le chemin traverse de
vastes zones minérales et n'est plus matérialisé que par des points de couleur rouge.
Une fois sur les Frêtes du Grenier, l'itinéraire est indiqué en pointillés sur les cartes IGN
("passage délicat"), mais ne pose en fait pas vraiment de problème. L'ambiance est certes très minérale et
on marche parfois de pierre en pierre, mais rien de bien dangereux, en comparaison avec les mêmes pointillés
de l'arête Nord du Buet ou encore dans la face Est d'Arcalod.
La longue traversée des Frêtes du Grenier est l'un des plus beaux passage de la randonnée. La vue (quand la
météo le veut bien ...) sur le Cirque du Fer-à-Cheval d'un côté et le Buet de l'autre est splendide.
L'ambiance contraste totalement avec la montée jusqu'au Refuge du Grenairon.
Avant la fin de la traversée des Frêtes du Grenier, on passe devant un bloc rocheux bien
caractéristique : la Cathédrale.
Vers 2550 mètres d'altitude, la trace quitte clairement la crête sur la droite pour se diriger vers un lac
sans nom, puis vers le Lac du Plan du Buet. Cette partie de l'itinéraire est relativement plate.
Juste avant d'arriver au lac sans nom, on traverse un genre de grosse coulée noire.
Après le lac sans nom, on continue vers le Lac du Plan du Buet en traversant un lapiaz et en passant sous
une ligne à haute tension.
On arrive rapidement au replat à côté du Lac du Plan du Buet. La montée reprend alors, avec une ascension
sèche de 300 mètres de dénivelé en très peu de distance. En dehors des câbles de l'arête Nord du Buet, c'est
la dernière grosse montée de l'itinéraire, mais étant donnée la configuration du passage câblé, l'effort
physique passe au second plan, puisque soit on prend beaucoup de plaisir, soit on a peur ... :)
Une fois sur la crête, on se dirige vers la droite (vers le Sud) pour rejoindre le tant attendu passage des
câbles de l'arête Nord du Buet. Pour nous, il était difficile de voir ce qui nous attendait à cause des
nuages qui ont décidés de nous englober à ce moment là.
En temps normal, il doit y avoir une très belle vue sur le Massif du Mont Blanc. Malheureusement, nous
n'avons pu voir que le bas des Glaciers du Tour et d'Argentière.
On arrive alors au premier câble et ... et bah c'est parti ! Même si techniquement il n'y a pas grand chose
et que la pente est loin d'être verticale, si c'est une première expérience sur arête, ça peut impressionner.
Heureusement, le rocher est relativement bon. Pour les moins à l'aise, un baudrier et des longes de
via ferrata sauront rassurer pour monter en toute sérénité.
Une fois en haut du passage câblé de l'arête Nord du Buet, on termine l'ascension par une arête arrondie qui
ne pose plus le moindre problème. On arrive alors assez rapidement à la table d'orientation sommitale.
Etant donné les conditions météorologiques au sommet, la table d'orientation ne nous a servi à rien.
Enfin si, je vais au moins pouvoir vous faire une simulation du tour d'horizon photographique habituel.
J'ai vraiment apprécié cet itinéraire et je sais que je le referai bientôt (bientôt = d'ici quelques années,
pas demain). Je pourrai alors vous mettre des vraies photos de la vue.
Aussi bien que l'on se sente sur ce sommet, il reste environ 6 heures de descente et on ne peut (ou plutôt
"on ne doit") pas trop traîner. Pour attaquer le chemin du retour, on continue sur l'arête, dans la même
direction qu'en arrivant. On se dirige ainsi vers le Grenier de Villy. On redescend cette arête en passant
au niveau de l'Abri de Pictet, puis au niveau des antennes qui se trouvent juste à côté.
L'intérieur de l'Abri de Pictet est tapissé de couvertures de survies. On devine que certains ont dû y
passer une très bonne nuit ...
Les antennes sont situées à un peu plus d'une centaine de mètres de l'Abri de Pictet et s'atteignent donc
très rapidement.
Au niveau des antennes, il y a une bifurcation. Il faut prendre le chemin qui va vers la droite, balisé par
des points de couleur bleue. Il y a également "Les Fonds" peint sur un rocher, avec une flèche (la vraie
orthographe semble être en fait "les Fonts" : les cartes IGN donnent les 2 selon l'échelle, mais aux Fonts,
les panneaux indiquent "les Fonts", avec un "t"). Le chemin de gauche redescend quant à lui de l'autre
côté, vers le Massif des Aiguilles Rouges et le Refuge de la Pierre à Bérard.
En prenant à droite au niveau des antennes, on s'engage alors sur un chemin qui n'existe pas sur les cartes
IGN (en 2017), mais qui est bien présent sur le terrain. On descend ainsi vers le Grenier de Villy par une
trace qui serpente dans l'univers minéral du sommet du Buet. A un moment, on remonte un peu avant de
reprendre la descente vers un promontoire rocheux bien caractéristique.
On atteint alors très rapidement le Grenier de Villy et la dernière difficulté technique de
l'itinéraire : le passage de la Chaîne.
En arrivant au Grenier de Villy, un fléchage de "La Chaîne" est peint sur un rocher.
On serpente alors sur la crête, en alternant entre les versants Nord-Ouest et Sud-Est. Des petites
descentes où l'on doit mettre les mains se succèdent, jusqu'à arriver à un câble.
En arrivant au câble, on a une superbe vue sur les Pré de Salenton et la roche autour de nous ressemble
a un empilement de fines plaques.
On arrive ainsi au passage de la Chaîne, le plus redoutable de l'itinéraire ! C'est une descente dans une
paroi rocheuse assez verticale. Heureusement un câble est là pour se tenir. A cet endroit, la chute est
interdite. Encore une fois, les longes de via ferrata peuvent aider les personnes qui sont moins à l'aise.
Après le passage de la Chaîne, on arrive sur un grand replat rocheux qui ne pose aucune difficulté et où
de nombreux bouquetins sont présents. Au bout de ce replat, la descente reprend et on rejoint rapidement
l'herbe.
Une fois de retour dans l'herbe, la descente va de nouveau être beaucoup plus prononcée, pour redescendre
sur les Beaux Prés. A un moment, le chemin disparaît sur une dizaine de mètres. On est alors tenté de
descendre sur la droite, dans la pente, mais il faut continuer tout droit. Le chemin "réapparaît" alors comme
par magie au bout d'une dizaine de mètres.
Durant la traversée des Beaux Prés, la pente est beaucoup moins forte et on croise des bouquetins partout.
Après les Beaux Prés, on descend dans le Ravin des Chaux et la pente redevient alors beaucoup plus forte.
La végétation quant à elle devient beaucoup plus dense et il faut parfois se faufiler entre les arbustes,
même si le chemin est toujours bien marqué.
Durant la descente, on peu admirer bon nombre de cascades et les gorges qui nous entourent nous offrent
une ambiance qui contraste encore avec tout ce que l'on a pu voir durant cette randonnée.
On arrive alors au torrent que l'on traverse pour rejoindre un chemin bien plus large et entretenu.
Ensuite, on rejoint rapidement un plus gros chemin (à l'altitude de 1441 mètres sur les cartes IGN), où il
suffit alors de suivre la direction du Refuge des Fonts. Ce refuge s'atteint rapidement, en passant par
le Pont des Mitaines.
On traverse alors les Chalets des Fonts pour rejoindre la piste qui retourne à Salvagny. Après une brève
descente, on passe sur un pont puis l'itinéraire est presque plat jusqu'à notre retour à Salvagny.
La piste qui redescend sur Salvagny est un peu longue, mais elle permet au moins de se repasser cette
magnifique journée dans la tête. En chemin on passe aux Frassettes (des maisonnettes), à la Célière
(une maison), puis à la Croix des Sprits, avant de revenir au Parking de la Feulatière, puis à Salvagny.
Et voilà, cette très longue, mais très belle randonnée alpine se termine. Elle est pour moi vraiment très
particulière, puisqu'elle permet en une seule fois de côtoyer tous les paysages de montagne, des fonds de
vallées vers 800 mètres d'altitude, aux arêtes rocheuses à presque de 3100 mètres d'altitude. Surnommé
le Mont Blanc des Dames, le Mont Buet ne doit pas pour autant être considéré comme un sommet facile : la
distance et le dénivelé parlent d'eux même ... C'est un itinéraire hors-norme qui procure une immense
satisfaction lorsque l'on arrive au sommet (sauf peut-être pour Valéry Giscard d'Estaing, qui a préféré se
faire monter en hélicoptère ...). Malgré la longue distance et le fort dénivelé à encaisser, dès les jours
qui ont suivi j'ai eu envie de refaire cet itinéraire. Je ne sais pas encore quand, mais il est sûr que je
reviendrai !
Chute interdite dans les deux portions les plus techniques : le passage
câblé de l'arête Nord du Buet et le passage de la Chaîne. Ne pas sous-estimer la longueur de l'itinéraire,
ni son dénivelé.