Du haut de ses 2931 mètres, la Grande Chible domine Valloire qui se trouve directement à son pied. Sommet si proche de la station et pourtant si peu
connu, sa longue ascension offre un panorama exceptionnel sur les vallées alentours.
Première approche
Lorsque j'ai fait cette randonnée pour la première fois, j'en avais grandement sous-estimé la longueur et la difficulté. Je m'y suis lancé le
lendemain du premier Trail Nocturne de Valmeinier, le 5 Juillet 2015 donc, en pensant que le physique ne jouerait pas tant que ça. Grave erreur !
Si rejoindre Poingt Ravier depuis Valloire ne pose aucun problème, la montée au Crey du Meigno ne passe pas aussi facilement. Ce crey, j'y était
pourtant monté quelques années plus tôt, mais entre temps j'avais visiblement oublié les 900 mètres de dénivelé continus, sans replat, dont presque
la moitié s'effectuent hors sentiers, droit dans la pente. Une fois au Crey du Meigno, la vue sur notre objectif du jour est magnifique et on entame
alors une partie "plate" de l'itinéraire, sur une crête arrondie qui ne présente aucun risque de chute. Au bout de cette crête se trouve le Pas de
Pertuité. C'est à cet endroit que l'on va partir vers le Sud-Ouest pour rejoindre le Col des Masses, au Sud de notre objectif final, avant de prendre
l'arête Sud (assez aérienne par endroits) jusqu'au sommet. Mais attention, même si la carte IGN semble indiquer un chemin qui relie le Pas de Pertuité
au Col des Masses, la réalité est tout autre ... Le sentier est entaillé d'une vingtaine de crevasses de profondeurs diverses.
Certaines se franchissent facilement, d'autres sont simplement des murs presque verticaux, lisses, de plusieurs dizaines de mètres :
les traverser est alors quasiement impossible. Il faut les contourner en redescendant parfois plus de 100 mètres de dénivelé si
durement gravis ... Une fois cette interminable traversée des crevasses terminée, l'arête jusqu'au sommet est un vrai régal
pour peu que vous ayez un minimum d'attrait pour l'alpinisme. Pour le retour, on repasse au Col des Masses puis on descend droit
dans la pente, en direction du Clot de l'Ane. On rejoint alors la fin de l'itinéraire de la randonnée de
Péméan et du Clot de l'Ane pour rentrer à Valloire.
Itinéraire à suivre
Avant de partit j'insiste bien sur le fait qu'il faut avoir des reserves suffisantes en eau. Je me contente habituellement de peu :
j'emméne 2 à 3 litres selon la durée des randonnées, mais je bois rarement plus d'1,5 litre. Cette fois j'étais
bien content de pouvoir faire fondre un peu de neige qui restait au Col des Masses (au retour) pour re-remplir les 3 litres que j'avais bu.
Bon, cette fois c'est parti, on y va ! Pas besoin de prendre sa voiture : une fois de plus on part de la station. On commence donc par se diriger vers
la Cascade de l'Enfer. Une fois au Pont du Diable, on peut faire un petit crochet sur ce dernier pour admirer la cascade et se balancer un peu
avant d'attaquer la montée.
On se lance donc dans la première phase de l'ascension (la plus facile), jusqu'à Poingt Ravier. Il faut prendre le chemin qui partait
sur la droite avant le pont (donc tout droit quand on sort du pont en revenant sur nos pas).
On arrive très rapidemant à Poingt Ravier, sur une petite place avec une fontaine en son centre. Sur la gauche, des panneaux indiquent des départs
de randonnées, c'est par là qu'il faut passer.
Assez rapidement, la piste sur laquelle on marche et sur laquelle on doit continuer fait demi-tour et continue de monter vers les Solèdes.
Au niveau de cette épingle, un chemin continue tout droit en direction du Pain de Sucre.
Pendant que l'on monte en directiond des Solèdes, on a une très belle vue sur la Sétaz et la vallée du Galibier.
On arrive ensuite aux Solèdes, où il faut prendre sur la droite immédiatement après la première ruine. Un panneau indique le chemin à suivre.
Commence alors une difficile montée en deux parties : un petit chemin peu emprunté mais bien marqué va jusqu'à la Fourche et ensuite on finit
hors sentier jusqu'au Crey du Meigno. Le chemin de la première partie serpente dans des pierriers ponctués de quelques conifères, avant d'arriver au
replat des Ruines de la Fourche et du chalet du Meigno.
Comme on le distingue sur la photo précédente, un champ d'orties se trouve entre la Fourche et le Meigno.
J'ai essayé de le contourner en passant au chalet du Meigno (sur la droite donc), mais j'ai quand même dû me servir de mes bâtons pour me frayer
un chemin. Passer aux ruines de la Fourche est peut-être plus facile ...
Une fois les orties franchies, on attaque la partie la plus dure de l'ascension, en grimpant droit dans la pente. Après de longs efforts,
le Crey du Meigno commence à se détacher sur la ligne d'horizon formée par notre montée. Pour que la difficulté passe plus facilement, on peut
profiter de la vue des Aiguilles d'Arves que l'on découvre sous un angle inhabituel.
Quand on arrive enfin au Crey du Meigno, un grand soulagement s'empart de nous en voyant cette longue crête pratiquement plate.
La Grande Chible se trouve alors droit devant et à son pied, le Pas de Pertuité, à l'autre bout de la crête.
Le Crey du Meigno se traverse assez rapidement et ne comporte pas de passage aérien. Le risque de chute étant quasiment nul,
on peut pleinement profiter de la vue. On arrive alors juste sous le sommet.
Au Pas de Pertuité, on bifurque sur la gauche, dans une ancienne trace qui va au Col des Masses. Malheureusement,
de profondes crevasses entaillent aujourd'hui ce chemin et il devient vite impossible à suivre. A la première grosse crevasse,
il est préférable de redescendre pour passer là où ça semble le plus facile et de ne pas remonter tout de suite. Ainsi, il sera possible de franchir
les crevasses à leur base, là où l'exercice est le plus aisé.
Après une longue et fastidieuse traversée de la face Sud de la Grande Chible, on arrive alors sous le Col des Masses, auquel il faut remonter.
Depuis ce col, on a une vue magnifique sur la vallée de l'Arvan. Un petit replat conserve de la neige assez tard dans la saison,
ce qui peut être utile pour refaire le plein d'eau ...
Il va maintenant falloir s'attaquer à la crête qui part vers le Nord, pour atteindre le sommet qui se trouve seulement 220 mètres plus haut.
On part donc pour environ 1 km d'arête, avec quelques pas d'escalade, quelques passages aériens et surtout une vue époustouflante
sur les vallées qui nous entourent. Si l'on se donne la peine de faire un minimum attention et que l'on ne saute pas bêtement dans le trou,
il n'y a normalement pas de danger, même si quelques passages peuvent impressionner.
On arrive enfin au sommet, marqué d'une petite croix en fer.
On a bien mérité un petit tour d'horizon en photos (en tournant de la gauche vers la droite).
Après une bonne pause durant laquelle on aura pas oublié de reprendre des forces, il faut penser à redescendre, car on est loin d'en avoir fini avec
les efforts ! Pour ma part, j'en ai eu pour 4 heures de descente jusqu'à Valloire. On redescend donc l'arête que l'on a monté précedemment,
pour revenir au Col des Masses.
On est rapidement de retour au Col des Masses. C'est à ce moment que j'ai fait fondre de la neige pour refaire le plein d'eau.
Il faut ensuite redescendre droit dans la pente et rejoindre comme on peut le Clot de l'Ane. La descente est longue et fatiguante à cause de la
pente très soutenue.
Pendant que l'on redescend, on voit le Crey du Meigno sur la gauche et
la Roche du Bonhomme sur la droite.
Quand on arrive enfin à proximité du Clot de l'Ane, une dernière profonde crevasse nous fait désespérer l'espace d'un instant. Elle n'est finalement
pas si difficile à traverser. On peut également profiter d'une dernière belle vue sur
le Mont Thabor.
Après une ultime traversée d'orties, on rejoint le panneau du Clot de l'Ane. A partir de ce point, un chemin (oui un vrai chemin !) guidera nos pas
jusqu'à Valloire.
On entame donc la dernière descente, facile cette fois, par le chemin de la fin de la randonnée de
Péméan et du Clot de l'Ane. Après une dernière crevasse qui ne compte pas vraiment (un chemin a
été taillé dedans), on peut jeter un regard en arrière sur la Grande Chible qui nous laissera des souvenirs impérissables.
On revient ensuite aux Solèdes, où l'on avait bifurqué quelques heures auparavant pour se rendre au Crey du Meigno. Cette fois on va tourner
à droite juste après le chalet récemment restauré, pour redescendre vers les Gorges de l'Enfer. Un panneau indique le chemin à suivre.
Quand j'ai pris cette bifurcation il était déjà 21h30, heureusement que le 5 Juillet le Soleil se couche très tard.
La Grande Chible se montrait alors dans la nuit tombante sous la forme d'une imposante silhouette.
Dans Valloire, au fond de la vallée, les lumières étaient allumées depuis un bout de temps déjà.
Etant donné qu'il reste environ 50 minutes de marche (en marchant bien) depuis la bifurcation des Solèdes jusqu'à Valloire, j'ai donc fini à la
lueur de ma frontale.
Nous voilà enfin de retour à Valloire (pour ma part il était 22h20), le corps n'en peut plus et ne demande que de s'alonger pour détendre tous ses
muscles. A l'origine, je comptais monter à Poingt Ravier en vélo après cette randonnée, finalement ça sera pour une autre fois ...
Maintenant que j'écris ces lignes, je me rend compte après coup que cette randonnée est l'une de mes préférées. En lisant
la conclusion de chaque page de ce site, je dois sans doute avoir beaucoup de randonnées préférées, mais celle-là est vraiment un cran au-dessus.
Il faut aussi dire que ça ne fait que très peu de temps que j'ai compris que les itinéraires de randonnées étaient plus limités par l'inclinaison
des pentes que par la présence de chemins sur les cartes IGN. Depuis cette "illumination soudaine", je ne cesse de découvrir de nouveaux parcours,
tous plus beaux les uns que les autres.