Entre Maurienne et Guisane, le Pic de la Moulinière est l'un des quinze "3000" de Valloire. Même si son ascension est
plus facile qu'il n'y paraît, il faut tout de même bien s'accrocher pour arriver au sommet de ses 3073 m.
Première approche
Au départ de Plan Lachat, on commencera par aller au Lac des Cerces puis au
Col de la Ponsonnière pour prendre la direction
du Col des Béraudes. Au pied de ce dernier, on quittera le chemin pour se lancer dans l'ascension du
Pic de la Moulinière par le couloir Sud-Est. Le sommet sera alors tout proche, à quelques pas de grimpette.
Pour le retour, on redescendra par l'autre couloir, celui du Nord-Ouest, pour revenir ainsi au
Lac des Cerces. Ensuite, on reviendra à Plan Lachat par l'itinéraire de la montée.
Itinéraire à suivre
Avant de se lancer, je tiens à apporter quelques précisions sur ce sommet. Ayant logé plusieurs années au
chalet "le Pic de la Moulinière" au Serroz, j'ai toujours voulu atteindre le sommet de cette montagne.
Malheureusement, dans mes recherches pour préparer l'itinéraire, je n'ai rien trouvé sur Internet qui
indiquait que quelqu'un avait déjà gravi ce sommet en été. Seuls des itinéraires hivernaux étaient décrits.
Au début, je m'étais fait une raison. Puis, à l'été 2016, j'ai senti le besoin de le tenter, quitte à abandonner.
Mes suppositions se sont révélées bonnes : les itinéraires hivernaux sont le meilleur moyen d'atteindre le sommet.
J'ai donc emprunté les deux couloirs, le Sud-Est pour monter et le Nord-Ouest pour descendre. Même si de loin ils
peuvent paraître très impressionnants, il se passent relativement bien. Attention cependant à la corniche de neige
qui subsiste presque tout l'été en haut du couloir Sud-Est. Un piolet et des crampons sont vivement conseillés pour
la contourner par la droite, dans la pente assez raide du haut du couloir.
Tout comme je l'avais fait pour la Roche du Bonhomme,
cette page sera donc bien détaillée, surtout au niveau des difficultés, étant donné que c'est probablement la seule
qui parle de cet itinéraire sur Internet. Toute personne voulant gravir la Pic de la Moulinière en été trouvera ainsi
les informations que j'aurais aimé trouver quand je préparais mon itinéraire.
On peut maintenant commencer ! Depuis Valloire, on se rend en voiture au pied du
Galibier pour se garer sur le grand parking
de Plan Lachat. Avant de partir, on vérifie bien d'avoir piolet et crampons, même s'il ne serviront que sur une
centaine de mètres. Au passage le pantalon d'alpinisme aussi est utile, uniquement pour se protéger d'un coup
de crampon dans le mollet. Là-haut personne ne passe, vous seriez donc seuls en cas d'accident, dans une zone
qui n'est vraiment pas adaptée à un secours en hélicoptère. Une fois que tout est prêt, on prend donc la direction
des Mottets, puis du Lac des Cerces, comme on le ferait pour la majorité des randonnées au départ de Plan Lachat
(les 3 Lacs,
le Grand Galibier,
le Pointe des Cerces, ...). Je vais passer assez
rapidement sur cette première partie de l'itinéraire qui a déjà été décrite plusieurs fois dans d'autres pages,
dont celles citées précédemment.
Après les Mottets, quand on a fini la partie montante du sentier, on passe devant une petite cabane en pierre.
C'est en fait un fraidier, l'équivalent ancestral du réfrigérateur.
On arrive ensuite rapidement au replat où se trouve le Lac des Cerces. Juste avant le lac, un carrefour
indique le Col de la Ponsonnière sur la droite.
C'est par là qu'il faut aller. On ne passe donc pas au Lac des Cerces, mais ce n'est pas grave car on y passera
au retour.
Le chemin jusqu'au Col de la Ponsonnière est évident
et ne pose pas de problème. Pendant que l'on marche, on voit le Massif des Arves sur notre droite.
On prend maintenant la direction du Col des Béraudes en empruntant le chemin qui monte sur la gauche du
Col de la Ponsonnière (sur la gauche
quand on est arrivé). On passe ainsi au-dessus du Lac de la Ponsonnière.
Après avoir passé le Lac de la Ponsonnière, on découvre le versant Est du Pic de la Moulinière : une immense
falaise qui semble faite d'écailles jaunes.
On passe ensuite sous le Lac des Crouserocs, puis sous la face Est du Pic de la Moulinière. On arrive alors
au pied d'une grande pente herbeuse qui conduit vers le Col des Béraudes.
On remonte donc cette pente herbeuse jusqu'au replat au pied du Col des Béraudes.
Une fois au replat au pied du Col des Béraudes, on quitte alors le chemin et on commence la première
difficulté de l'itinéraire : le couloir Sud-Est du Pic de la Moulinière. Il se trouve juste sur notre gauche,
on ne peut pas le manquer.
On remonte donc le couloir comme l'on peut. Sur le bas il est composé de gros blocs de pierres. Plus on
monte, plus la pente est raide et plus il reste de neige. En chemin, on croise souvent des bouquetins qui se
reposent sur la crête à notre droite.
Alors que j'étais presque au sommet, j'ai vu un groupe de gens en bas, au replat au pied du Col des Béraudes,
qui montraient quelque chose vers là où je me trouvais. Un peu inquiet, j'ai scruté au-dessus de moi pour
voir si je n'allais pas me prendre un rocher sur la tête. J'ai finalement compris que c'était moi qu'ils
regardaient. Ouf ! Mais ça fait une drôle de sensation de se savoir observé ...
Au pied de la dernière pente en neige j'ai chaussé les crampons et sorti le piolet. Il faut monter vers la
grande corniche qui doit bien faire 10 mètres de haut. Un fois le rétrécissement du couloir passé, on se rend
compte que la pente n'est pas trop forte sur la droite de la corniche et que l'on peut passer facilement. Si
l'on est plusieurs et que des personnes ne sont pas à l'aise dans la pente, il peut-être nécessaire de
s'encorder pour les assurer (bien que dans l'idéal il ne faille pas emmener quelqu'un qui n'a pas le niveau
dans une telle sortie qui tient plus de l'alpinisme que de la randonnée).
A la relecture, je me sens obligé d'apporter une petite précision avant de mettre la page en ligne.
Je dis dans le paragraphe précédent que "la pente n'est pas trop forte sur la droite de la corniche". La
pente est "montable", mais lors de mon passage, j'étais quand même sur les pointes avant de mes crampons. Cette
technique d'alpinisme est utilisé dans les pentes très raides, comme dans le Couloir Coolidge de
la Barre des Ecrins par exemple, qui est incliné à
50° dans sa partie la plus raide (on parle bien de degrés et non de pourcents). Certes, ici on n'atteint pas de
telles inclinaisons, mais il ne faut pas se lancer dans un tel passage sans se rendre compte de ce que cela
représente. Pour un alpiniste qui a de bonnes bases cela ne pose normalement pas de problème, mais pour un
randonneur qui commence tout juste à sortir des chemins, ce passage peut créer un réel blocage et s'avérer
très dangereux.
On arrive alors en haut du couloir, mais pas en haut du Pic de la Moulinière ! Il faut encore monter quelques
dizaines de mètres de dénivelé sur le pic de gauche (de gauche quand on a le couloir Sud-Est dans le dos).
Après avoir retiré les crampons, il suffit de monter au mieux dans des rochers relativement instables
pour arriver au sommet.
Après quelques efforts, on arrive au sommet. La vue y est vraiment époustouflante.
Je voulais vraiment arriver au sommet, mais je ne m'attendais pas à y trouver une aussi belle vue. Ce fut une
super surprise pour moi. Comme d'habitude, voici un tour d'horizon photographique (de gauche à droite) pour
vous présenter le panorama.
Après une bonne pause pour profiter de ce sommet très sympathique et pourtant si peu fréquenté, on attaque
la redescente. On commence par revenir au col entre le couloir Sud-Est et le couloir Nord-Ouest. Pour cela,
on descend par là où l'on est monté.
On se lance alors dans la dernière difficulté de l'itinéraire, la descente du couloir Nord-Ouest. Il est
moins raide que le haut du couloir Sud-Est, mais il est en moyenne beaucoup plus raide que ce dernier.
Il est constitué d'éboulis instables et contrairement au couloir Sud-Est, on ne voit jamais le sol stable en
dessous. Il faut donc faire très attention, car on déclenche très facilement des coulées de pierres. Les
pierres ne se mettent pas à rouler et à se fracasser partout, mais une grand surface de pierres peut se mettre
en mouvement et descendre la pente uniformément. Il ne faut surtout pas se laisser entraîner là-dedans.
Dans la mesure du possible, pour éviter les pierres, il vaut mieux descendre par les plaques de neige encore
présentes. Pas la peine de mettre les crampons (qui seraient dangereux dans les parties sans neige), il faut
plutôt utiliser le piolet pour se freiner.
Durant toute la descente, surtout vers le bas, il faut rester très vigilant aux pierres qui peuvent dévaler
la pente en rebondissant dans tous les sens en venant de derrière nous.
Une fois en sécurité dans l'herbe, on peut se retourner pour admirer le couloir Nord-Ouest que l'on vient de
descendre. C'est impressionnant ! Avant ce jour, je n'aurais jamais cru possible de passer par là.
On emprunte ensuite le replat de la langue d'herbe en tournant très légèrement sur la droite pour passer au pied
du Rocher de la Sauma et de la Pointe des Cerces.
On arrive alors rapidement en vue du Lac des Cerces.
On fait une ultime petite pause au Lac des Cerces pour contempler une dernière fois le Pic de la Moulinière.
Ensuite, la redescente est classique : retour aux Mottets puis retour à Plan Lachat. Si vous avez passé sans
encombre les couloirs du Pic de la Moulinière, pas la peine de s'étendre sur cette partie de l'itinéraire,
vous ne devriez pas avoir de problème.
Voilà, c'est la fin de cette sortie au Pic de la Moulinière. Est-ce une randonnée très technique ? Est-ce de
l'alpinisme ? Je ne sais pas trop. Quoi qu'il en soit, ce sommet oublié, même des connaisseurs, en vaut
largement la peine. Si vous sentez avoir le niveau, lancez-vous, plaisir garanti !
Piolet et crampons pour la partie haute du couloir Sud-Est du
Pic de la Moulinière. Le couloir Sud-Est est assez vertical dans sa partie haute. Le couloir Nord-Ouest
est assez exposé aux chutes de pierres. Itinéraire réservé aux randonneurs expérimentés qui ont le pied
sûr.