Petites sœurs des Aiguilles d'Arves, les Aiguilles de la Saussaz font l'objet d'une superbe course d'alpinisme
cotée PD+ lorsqu'elles sont faites en traversée. L'arête Sud-Est de l'Aiguille Orientale est le point d'orgue
de cette course.
Première approche
Au départ du hameau de Valfroide, au-dessus de la Grave, on commencera par monter au Lac du Goléon, avant de
remonter le Vallon du Maurian jusqu'au pied de l'impressionnante arête Sud-Est de l'Aiguille Orientale de la
Saussaz. C'est à cet endroit que commencera notre course à proprement parler : on rejoindra l'arête en
grimpant un peu dans le bas de la face, puis on remontera cette dernière jusqu'au sommet de l'Aiguille
Orientale de la Saussaz (3323 m). On ira ensuite à l'Aiguille Centrale de la Saussaz (3361 m), puis à
l'Aiguille Occidentale de la Saussaz (3340 m), toujours en passant par les arêtes. On rentrera ensuite par
le Glacier Lombard, puis on redescendra le Vallon du Maurian, par lequel on est monté, pour revenir au
parking de Valfroide.
Je fais un petit aparté avant de commencer, pour raconter la légende des Aiguilles d'Arves et des Aiguilles
de la Saussaz. Il y a bien longtemps, en voyant l'Arvan, Dieu trouva le lieu si beau qu'il jugea l'endroit
parfait pour y ériger les Aiguilles d'Arves. Plus tard, en découvrant l'Arvan à son tour, Satan qui trouva
également le lieu magnifique voulu faire mieux que Dieu. Dans sa tentative, il créa les Aiguilles de la
Saussaz, mais n'arriva pas à surpasser l'œuvre de Dieu.
Itinéraire à suivre
Avant de se lancer dans l'itinéraire, il faut que je raconte une petite anecdote. Ca faisait plusieurs
années que je voulais faire cette course. Etant déjà monté à
l'Aiguille du Goléon, j'avais eu l'occasion
de voir l'arête Sud-Est de l'Aiguille Orientale de la Saussaz et cette dernière m'intimidait un peu. Durant
la nuit qui a précédé la course, j'ai rêvé que j'oubliais une chaussure d'alpinisme à la maison et que
j'avais finalement une chaussure d'alpinisme et une chaussure de trail pour faire cette course. Dès mon
réveil (5h30 ...), pour ne pas que cela arrive, j'ai mis mes chaussures d'alpi dans un sac, devant la porte
d'entrée, pour ne pas les oublier. Au moment de partir, j'ai joyeusement ignoré le sac en l'enjambant ...
Arrivé au point de départ, à plus d'une heure de route, je me suis rendu compte que je n'avais que mes
chaussures de ville ... Après avoir hésité, nous nous sommes finalement lancés dans l'itinéraire, en se
disant qu'au pire on ferait demi-tour. Me voilà donc parti pour cette course tant attendue, avec la mauvaise
impression qu'elle n'aboutira pas ... Mais finalement, contre toutes attentes, mis à part l'inconfort des
chaussures, tout s'est très bien passé, le rocher étant très abrasif et donc sans risque de glissade (et
heureusement, car on grimpe droit dans une face à plus de 40°, sans assurance).
Bon, on peut maintenant commence l'itinéraire. Ce dernier étant relativement long, il est préférable de
partir tôt. Et comme il y a en plus un peu plus d'une heure de route (depuis Valloire) pour s'y rendre,
il ne faut pas envisager de grasse matinée ce jour là ... Nous nous sommes levés à 5h30, départ en voiture
à 6h10, arrivée à 7h20 et départ de l'itinéraire à 7h30. Pour les moins matinaux, passer la nuit au Refuge
du Goléon évitera de se lever trop tôt. Question matériel, il faut surtout un casque. Le piolet n'est pas
vraiment utile et on peut aisément se passer de crampons sur le (débonnaire) Glacier Lombard (le glacier
étant très peu pentu et non crevassé, en chaussures de ville ça glisse un peu, mais ça passe ...). Une corde
peut être utile pour assurer les personnes les moins à l'aise.
L'itinéraire débute au parking d'Entraigues, à Valfroide, au-dessus de la Grave. Des Hières jusqu'à Entraigues, la piste n'est pas goudronnée, mais ça passe avec n'importe quelle voiture. Ensuite, on s'assure d'avoir les bonnes chaussures (!!!), le casque, et c'est parti ! Au départ, il suffit de suivre la piste qui remonte le Vallon du Maurian en passant au hameau du Plot, visible juste au-dessus du parking. On remonte ainsi une longue portion en pente douce, avant de s'attaquer à la raide montée, sous le Lac et le Refuge du Goléon.
Une fois en haut de la première grosse montée, on arrive sur un immense replat, au début duquel se trouvent
le Refuge du Goléon et le Lac du Goléon. On continue alors tout droit pour passer le long du lac, au niveau
des Rubans (un lieu où la roche prend une forme de rubans dans les prairies alpines). Après le Lac du
Goléon, on arrive au Replat d'Amont, une immense plaine formée par les alluvions déposés par les eaux de
fonte du Glacier Lombard. Ce type de plaine s'appelle un sandur.
On remonte alors le chemin qui passe le long du Sandur du Goléon, pour se diriger vers le fond du Vallon du
Maurian. On passe ainsi devant le Refuge Carraud (impossible d'y rentrer), puis on traverse une zone où il
faut passer sur des gros blocs de pierres, avant de tourner légèrement sut la gauche, au pied du vallon du
Glacier Lombard. A cet endroit, la végétation disparaît pour laisser place à une ambiance minérale.
Peu après le début du vallon du Glacier Lombard, on arrive rapidement à un endroit où deux options se
présentent à nous (au niveau de l'un des piquets en bois qui flèchent l'itinéraire n°18) : soit on continue
tout droit pour aller à l'Aiguille du Goléon,
soit on va dans le vallon de droite, pour monter au
Col Lombard. Pour notre itinéraire, il faut aller
tout droit, puis dès que l'on a dépassé la partie la plus verticale de l'arête Sud-Est de l'Aiguille
Orientale de la Saussaz, tourner à droite et grimper droit dans la pente pour rejoindre cette fameuse arête.
La pente est très forte, mais le rocher est très abrasif et (même avec des chaussures de ville ...) ça passe
très bien. Par contre, l'erreur est interdite, car une glissade ou une chute vous ramènerait automatiquement
à la base de cette face ...
Une fois sur l'arête Sud-Est de l'Aiguille Orientale de la Saussaz, on suit le fil de cette dernière,
en évitant les passages les plus compliqués en passant légèrement dans le versant Sud (côté Glacier
Lombard). La remontée de l'arête est longue, mais grandiose. C'est la partie la plus technique de notre
traversée des Aiguilles de la Saussaz par les arêtes. Sur la gauche, la pente est très forte et une
chute serait fatale, quant à la falaise verticale sur la droite, n'en parlons même pas ... Durant la montée,
on a une superbe vue sur le Col Lombard et
l'Aiguille Méridionale d'Arves
(sur la droite).
Nous voilà ainsi à 3323 mètres d'altitude, en haut de l'Aiguille Orientale de la Saussaz. La partie la plus
difficile de l'itinéraire est maintenant derrière nous, même si la montée de l'arête Est de l'Aiguille
Centrale de la Saussaz est encore un beau morceau ... Les nuages étant devenus un peu embarrassants pour la
vue quand nous sommes arrivés au sommet de l'Aiguille Centrale de la Saussaz (la plus haute), je fais donc
le traditionnel tour d'horizon photographique (de la droite vers la gauche) depuis le sommet de l'Aiguille
Orientale de la Saussaz. Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour
la voir entourée sur la photo correspondante.
Après une petite pause au sommet de notre premier objectif du jour, on reprend notre chemin. On commence
ainsi la descente par l'arête Sud-Ouest de l'Aiguille Orientale de la Saussaz, pour rejoindre le col sans
nom à 3199 m. Cette descente n'est ni très longue ni très technique, il faut juste faire attention.
Au départ on est plus dans la face Sud que sur l'arête Sud-Ouest (il suffit en fait de passer là où ça nous
semble le plus simple).
Une fois au col sans nom à 3199 m, on attaque l'ascension de l'Aiguille Centrale de la Saussaz par son
arête Est. Depuis ce col, il est également possible de rejoindre le Glacier Lombard pour rentrer directement
(en cas de besoin ...). Comme pour l'arête Sud-Est de l'Aiguille Orientale de la Saussaz, on contourne les
passages délicats en passant dans la face du côté du Glacier Lombard.
Après une montée physique mais moins longue que celle de l'Aiguille Orientale, nous voilà au sommet de
l'Aiguille Centrale de la Saussaz.
La vue étant assez similaire à celle depuis l'Aiguille Orientale, je ne montre que les morceaux de vue qui
ont changé. Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour la voir
entourée sur la photo correspondante.
Une fois au sommet de l'Aiguille Centrale de la Saussaz, les difficultés sont derrière nous. Pour la suite,
il faut certes rester vigilant, mais il n'y a plus beaucoup de risques. La redescente sur le col sans nom à
3264 m (qui nous sépare de l'Aiguille Occidentale de la Saussaz) se fait assez facilement, en prenant soin
de contourner le premier ressaut en descendant un peu dans la face, vers le Sud (voir la carte en bas de
page). Ensuite, la descente sur le col n'est plus qu'une formalité (depuis ce col, il est possible de
rejoindre directement le Glacier Lombard pour rentrer, en cas d'urgence).
Depuis le col sans nom à 3264 m, on attaque alors la montée vers notre troisième et dernier objectif du
jour : l'Aiguille Occidentale de la Saussaz. La montée vers cette dernière aiguille n'est vraiment pas
compliquée, il suffit de monter droit dans la pente douce en direction du sommet, à travers des éboulis
faciles.
Nous voilà au sommet de la troisième Aiguille de la Saussaz, à 3340 mètres d'altitude. Comme pour l'Aiguille
Centrale de la Saussaz, la vue étant très similaire, je ne montre que les parties qui ont changé. Passez
votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour la voir entourée sur la photo
correspondante.
Je termine avec une photo panoramique à 360° depuis le sommet de l'Aiguille Occidentale de la Saussaz.
Pour la voir en haute définition, clic droit dessus, puis "Afficher l'image", puis cliquez dessus pour la
zoomer.
Après une petite pause sur la troisième Aiguille de la Saussaz, on s'attaque à la redescente "finale".
On se dirige ainsi vers le Bec de Grenier, par une pente douce en éboulis, pour rejoindre le Glacier
Lombard, en passant au plus facile. Lorsque l'on arrive à ce dernier, on chausse les crampons (plus pour
la forme qu'autre chose ...), puis on le redescend par la voie normale de
l'Aiguille du Goléon. On revient ainsi
au pied du Glacier Lombard, là où l'on avait quitté la voie normale de
l'Aiguille du Goléon pour rejoindre l'arête
Sud-Est de l'Aiguille Orientale de la Saussaz.
Une fois de retour au pied du Glacier Lombard, on revient au parking d'Entraigues par le même itinéraire
qu'à l'aller : on redescend le Vallon du Maurian en passant à côté du Sandur du Goléon, puis au Lac du
Goléon, puis on redescend la forte pente après le Refuge du Goléon.
Et voilà, cette belle course d'alpinisme sur les Aiguilles de la Saussaz prend fin. Ce n'est certes pas
la mythique traversée des Aiguilles d'Arves, mais c'est quand même une traversée de trois 3000.
L'enchaînement de l'Aiguille Orientale (3323 m), de l'Aiguille Centrale (3361 m) et de l'Aiguille
Occidentale de la Saussaz (3340 m) est un itinéraire qui permet d'en prendre plein la vue, tout en restant
très (trop !) peu fréquenté. Alpinistes à la recherche de superbes sommets oubliés, cette traversée est
faite pour vous !
Très longue traversée d'arêtes. Casque fortement conseillé. Crampons
utiles pour le glacier. Chute interdite ... Une corde peut être utile pour assurer les personnes les
moins à l'aise.