Très haut sommet pourtant accessible en randonnée, Rochemelon domine la ville de Suse de plus de 3000 mètres.
En haut, à 3538 m, une chapelle et une madone attendent les randonneurs, dans une ambiance typiquement italienne.
Première approche
Au départ du parking des Carrières du Paradis, on rejoindra le Lamet, puis l'Alpe Tour par une interminable
piste en balcon sur la vallée de Novalèse. On montera alors au Refuge Stellina, avant d'attaquer la partie
la plus délicate de l'itinéraire : la montée au Col de Novalèse. Une fois sur le plateau du Glacier de
Rochemelon, on passera sous la Pointe de Novalèse en face Nord-Est, puis on rejoindra le sommet tant
convoité par l'arête Nord-Ouest de Rochemelon. Le retour s'effectuera par le même itinéraire.
Itinéraire à suivre
L'itinéraire commence au parking des Carrières du Paradis, au Sud du Lac du Mont-Cenis. Si comme moi,
vous partez de Valloire, il faut descendre le Col du Télégraphe, remonter la Vallée de la Maurienne
jusqu'à Lanslebourg, monter au Col du Mont-Cenis, puis longer le Lac du Mont-Cenis, jusqu'à prendre la
petite piste caillouteuse au bout de laquelle se trouve le parking. Compter 1h30 à 2h de route. Pour ma
part, je m'étais levé à 5h du matin, parti à 5h30, arrivé vers 7h. J'ai finalement fini ma nuit jusqu'à
7h45 sur le parking des carrières ...
L'itinéraire est très long : seul, en marchant bon train, j'ai mis 10h42 pour faire l'aller-retour, en
incluant environ 45 minutes de pause au sommet. Il y a presque 30km, pour plus de 2000 mètres de dénivelé.
Tout le monde n'est pas capable de fournir un tel effort physique en une seule journée, en particulier à une
telle altitude. Il est toutefois possible de passer la nuit au Refuge Stellina ou même au sommet de
Rochemelon, dans le refuge plutôt confortable de la chapelle. Enfin, pour gagner du temps, il est possible
d'effectuer les 6,5 premiers km (jusqu'à l'Alpe Tour) en VTT, la piste étant très large et le dénivelé
étant plutôt faible. Sur l'aller-retour, cela fait donc 13 km de vélo, et environ 16 km à pied.
Avec un antivol, votre vélo ne risque rien là-bas.
Depuis le parking, on continue à pied sur la piste, qui serpente d'abord dans les alpages, en passant
devant la ruine d'un ancien bâtiment, avant de devenir une "piste en balcon" sur la vallée de Novalèse.
Dès le début de l'itinéraire, Rochemelon se montre, au loin, avec sa forme bien caractéristique.
Une fois que la piste passe en versant Sud de la Pointe du Lamet, on attaque l'interminable
(mais très belle) partie de l'itinéraire en balcon sur la vallée de Novalèse. Au début de celle-ci,
on passe au lieu-dit des Pierres Blanches, puis près d'une stèle.
La piste continue ensuite vers le Lamet, puis l'Alpe Tour. On la voit continuer à peu près à la
même altitude à perte de vue.
Après le Lamet, la piste continue encore et encore, en direction de l'Alpe Tour. On finit par arriver
à un endroit où la piste s'oriente vers le Nord, au niveau d'un rocher avec une borne matérialisant la
frontière entre la France et l'Italie. On découvre alors enfin l'Alpe Tour, cachée dans un petit Vallon.
On passe alors devant l'enclos à moutons de l'Alpe Tour avant d'arriver à une bifurcation où il faut
prendre le chemin de gauche (qui va plus ou moins tout droit), pour aller à l'Alpe Tour.
Juste avant d'arriver à l'Alpe Tour, on prend la trace qui part sur la gauche. Celle-ci se perd mais est
balisée par des piquets en bois, dont le haut est peint en blanc et rouge. Cette trace part d'abord vers
le fond du vallon, puis tourne sur la droite pour rejoindre la petite crête toute proche. Une fois sur
cette dernière, on la remonte jusqu'à être à peu près à la même altitude que le Refuge Stellina. On
traverse alors la face en passant une seconde petite crête par un replat, puis le Refuge Stellina est alors
sur la troisième crête, juste après une autre courte traversée de versant.
La crête derrière l'Alpe Tour se transforme rapidement en un petit replat, puis la trace continue de
monter dans la pente après ce dernier. Sur notre droite, on voit le Refuge Stellina.
En montant après le petit replat, on perde le Refuge Stellina de vue, qui disparaît derrière une petite
crête au premier plan. On franchit cette dernière par un replat, avant de traverser le versant qui se
trouve derrière pour rejoindre le Refuge Stellina.
Après avoir traversé le versant, on arrive sur une troisième crête, au niveau d'un panneau.
Le Refuge Stellina se trouve à environ 200 mètres sur la droite, alors que pour rejoindre
le Col de Novalèse, il faut monter sur la gauche. Pour ma part, l'itinéraire étant très long,
je n'ai pas fait le petit crochet pour passer au refuge.
C'est à cet endroit que les choses sérieuses commencent ! La montée au Col de Novalèse n'est pas
une partie de plaisir quand on ne connaît pas l'itinéraire ... La trace dans la forte pente en éboulis
se perd très facilement et ne se retrouve pas facilement. Une fois hors de la trace, la progression
devient très vite difficile et la pente très impressionnante. Une glissade peut alors très mal finir.
On attaque donc la montée du Col de Novalèse. Au début, on remonte la croupe herbeuse et le chemin est
bien visible, mais dès lors qu'il s'engage dans le pierrier, il faut rester très vigilant pour ne pas
perdre la trace. Par endroits, il y a du balisage rouge et blanc peint sur les rochers. Par endroits ...
La trace qui faisait plutôt une traversée du versant jusque là, se met à serpenter vers le haut,
un peu avant d'arriver en dessous du Col de Novalèse. La trace remonte pour contourner une petite
barre rocheuse par la gauche. Cette barre rocheuse est facilement reconnaissable (voir photo suivante).
Après avoir contourné la barre rocheuse, on remonte sur la droite vers le Col de Novalèse,
en longeant la paroi qui est sur notre gauche. En arrivant au pied du couloir en haut duquel se trouve
le col, on découvre un câble qui facilite la montée. Mais la trace serpente un peu plus sur la droite,
dans une pente un peu moins forte. Pour la montée finale, les deux solutions se valent.
Une fois au Col de Novalèse, l'ambiance change radicalement. On arrive sur un haut plateau glaciaire.
La paysage qui était jusque là très vert (même si la montée était très minérale, on voyait beaucoup de
verdure), devient alors blanc et noir. Seul le ciel vient apporter de la couleur. La vue depuis le Col
de Novalèse vers Rochemelon est tout simplement magique. En passant le Col de Novalèse, c'est comme si il y
avait un trait rouge tracé par terre, avec un panneau "ici commence la haute-montagne". Je n'avais encore
jamais vu de transition aussi brutale !
Pour la suite, il suffit de suivre la trace qui passe entre le Glacier de Rochemelon sur la gauche et
l'arête qui vient de Rochemelon et de la Pointe de Novalèse sur la droite. On marche ainsi droit vers
Rochemelon, jusqu'à être passé sous la Pointe de Novalèse. Juste après avoir dépassé cette dernière,
on découvre son couloir Est qui permet d'arriver à quelques mètres au Sud du sommet. Il ne reste alors
plus qu'à suivre l'arête vers le Sud-Est, en direction de Rochemelon.
Une fois la partie plane de l'arête traversée, on attaque la montée finale de Rochemelon. Il y a environ
200 mètres de dénivelé, assez raides. Pas besoin de mettre les mains, on peut marcher debout sans problème,
mais à cette altitude, une telle pente ne se laisse pas remonter facilement. Au sommet une immense
madone veille sur Suse.
Le sommet de Rochemelon est vraiment très spécial. A 3538 m, on est plus haut que
l'Aiguille d'Arves Méridionale
(la plus haute), plus haut que
le Pic de l'Etendard, plus haut que
le Pic de Rochebrune, et pourtant ce sommet
semble être une "randonnée du dimanche", à y voir l'affluence et tout ce qu'il y a au sommet :
table d'orientation, madone, buste de Vittorio Emanuele II et même une chapelle. Une messe y à d'ailleurs
lieu tous les 5 Août. Je pense que c'est à voir absolument !
Même si quelques nuages entouraient juste le sommet de Rochemelon, on voyait quand même plutôt bien
la vue. Je vais donc faire le petit tour d'horizon photographique habituel (de la gauche vers la droite).
Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour la voir entourée sur
la photo correspondante.
On est vraiment bien sur ce sommet, mais à moins que vous ayez décidé d'y passer la nuit dans le petit
refuge, il ne faut pas trop tarder, car la redescente est longue ! On retourne donc sur l'arête
Nord-Ouest de Rochemelon, pour la redescendre, jusqu'à la Pointe de Novalèse.
Une fois de retour à la Pointe de Novalèse, on redescend le couloir Est, puis on retourne au Col de Novalèse.
Depuis le Col de Novalèse, on voit tout le chemin qu'il reste à faire pour rentrer : redescente du col
jusqu'au Refuge Stellina, puis redescente à l'Alpe Tour, puis piste en balcon jusqu'aux Carrières du Paradis.
Avant de redescendre, on n'oublie pas de jeter un dernier regard sur le superbe plateau glaciaire
de Rochemelon.
Pour la redescente du Col de Novalèse, ça se passe exactement comme à la montée, sauf que cette fois
on sait d'où l'on vient et la trace est plus facile à repérer d'en haut que d'en bas. On revient donc
au Refuge Stellina sans trop de problèmes (normalement).
Une fois de retour au carrefour tout proche du Refuge Stellina, on prend à droite, pour retraverser
le versant en direction du replat de la petite crête toute proche.
Après le replat de la petite crête, on redescend sur le replat au-dessus de l'Alpe Tour, qui se prolonge
par une autre petite crête. On quitte cette dernière là où on l'avait rejoint, pour revenir à l'Alpe Tour par
les alpages.
Une fois de retour à l'Alpe Tour, sans surprise, on reprend l'interminable piste en balcon en direction des
Carrières du Paradis, en passant par le Lamet. Attention, les chiens des bergers de l'Alpe Tour ne sont pas
du tout amicaux. De jour il faut faire attention, alors de nuit je n'ose pas imaginer. A l'aller comme au
retour, j'ai bien cru que j'allais me faire croquer ...
Quand la piste quitte le versant Sud de la Pointe du Lamet pour revenir en serpentant dans les alpages,
on a alors une superbe vue sur le Lac du Mont-Cenis. Le parking des Carrières du Paradis est alors
tout proche.
Et voilà, c'est ainsi que s'achève cette superbe randonnée alpine, à l'épreuve des plus endurants.
Même si elle est très longue et très physique, elle fait partie des randonnées qui m'auront marqué,
et pour moi elle fait à tout jamais partie de celles "qui comptent". Le simple fait de repenser à
Rochemelon me fait me sentir bien. Il y a beaucoup d'itinéraire que je veux refaire, pour le défi
qu'il représentent, pour les faire découvrir à des proches, pour avoir de meilleures photos, ou toute
autre raison. Mais celui-ci est le premier que je veux refaire simplement parce que je sais qu'il me
rendra encore heureux. (Quelle conclusion cucul !)
Itinéraire très long, même pour quelqu'un de sportif. Pour la montée au
Col de Novalèse, on perd très facilement la trace et il faut avoir un bon sens de l'itinéraire pour la
retrouver. Bien qu'il ne faille pas de matériel pour cette (très) grosse randonnée, le Glacier de
Rochemelon reste un glacier, avec les dangers qui vont avec. Enfin, on passe vraiment longtemps à
haute altitude, ne pas oublier que le mal aigu des montagnes (MAM) peut aussi toucher les
randonneurs ...