Le Pic de l'Etendard est la course idéale pour les nouveaux alpinistes. Un glacier peu crevassé, des pentes ne dépassant
pas 40°, aucun passage aérien et point de vue magnifique. En plus, il ne lui manque qu'un tout petit mètre pour être
le point culminant du Massif des Grandes Rousses.
Première approche
Avant toutes choses, je tiens à préciser que je vais décrire dans cette page une course d'alpinisme et non une randonnée.
Elle est cotée F (facile), mais ne doit pas pour autant être envisagée comme une "grosse randonnée". Un piolet,
des crampons et des chaussures d'alpinisme (et non de randonnée) sont indispensables. Il est également impératif de
savoir cramponner (marcher avec des crampons), de s'encorder et de maîtriser les techniques de base du sauvetage en
crevasse. Si vous n'avez aucune expérience, offrez-vous une école de glace sur une demi-journée, vous y apprendrez
tout ce qu'il faut pour vous lancer dans une telle course en toute sécurité.
Maintenant que les bases sont posées, on peut se lancer ! On va donc partir du Col de la Croix de Fer
pour se rendre au Refuge de l'Etendard. Après une courte nuit, on reprendra notre itinéraire en direction du
pied du Glacier de Saint-Sorlin. Une fois sur ce dernier, après s'être équipé, on attaquera la longue montée qui
nous mènera à 3464 mètres d'altitude. La descente s'effectuera par le même chemin jusqu'au refuge en passant de l'autre
côté des lacs pour varier un peu, puis on reviendra au Col de la Croix de Fer par l'autre vallée, pour profiter de la
vue sur les Aiguilles d'Arves.
Itinéraire à suivre
L'itinéraire commence au Col de la Croix de Fer. Avant de démarrer, on s'assure de ne rien avoir oublié (piolet, crampons,
pantalon d'alpinisme, lampe frontale, casque, gants, polaire(s), coupe-vent, baudrier, corde et tout l'équipement qui
va avec, ...). Le refuge étant aussi sur le chemin du retour, on peut même se payer le luxe d'emmener un duvet pour ne
pas dormir directement dans les couvertures prêtées par le refuge. Enfin, il faut également un chéquier et / ou de
l'argent liquide pour payer le refuge, les cartes bleues ne passant pas là-haut.
Maintenant que tout est prêt, on peut y aller ! Pour le premier jour de marche, jusqu'au refuge, il faut compter environ
1h45 à 2h15 de marche (6 km). Le repas étant servi à 19h00, il vaut mieux partir à 16h30 au plus tard pour ne pas être
pressé. Depuis le parking, il suffit de suivre la grosse piste en terre qui est indiquée par les panneaux de randonnées
(direction "Refuge de l'Etendard").
La piste est assez longue à remonter mais quand on arrive enfin en haut de la côte, on a une belle vue sur le Lac Bramant,
le Refuge de l'Etendard et toute la vallée que l'on va remonter le lendemain.
Il ne reste alors plus qu'à redescendre sur le refuge que l'on voit alors en bas à droite du Lac Bramant.
Juste avant d'arriver au Refuge de l'Etendard, on passe sous l'un des barrages du Lac Bramant.
Un bon repas (très) copieux vous attend au refuge. Le jour de notre présence, il n'y avait qu'un club de retraités
d'une vingtaine de personnes qui ne se levaient pas le lendemain et une autre cordée de 3 personnes qui allait elle
aussi tenter le Pic de l'Etendard par la Voie Normale. Maintenant, direction la chambre, parce qu'il va falloir se lever
à 4h00 du matin !
Bonne nuit !
Réveil difficile après une courte nuit. Heureusement, le petit déjeuner nous remet rapidement sur pied.
Après ce bon petit déjeuner, on se prépare et c'est parti ! Tout ce qui n'est pas utile à la course peut être laissé
au refuge puisqu'on y repasse au retour. A la sortie du refuge, un panneau indique le pied du glacier à 1h55 de marche.
Il faut prendre cette direction. On va ainsi passer le torrent par une petite passerelle en fer, puis on va longer le
Lac Bramant en rive Ouest.
On longe ensuite le Lac Bramant en passant sur un second barrage, avant d'arriver au deuxième lac, le Lac Blanc,
que l'on va également passer en rive Ouest.
Entre les deux lacs, les flaques d'eau étaient pleines d'oeufs de grenouilles. Sur la gauche, on peut également voir
les montagnes de Valloire, qui apparaissent dans le Col Sud des Lacs.
Après avoir passé le Lac Blanc, on arrive dans une plaine de lavage glaciaire, appelée "sandur". Ce type de milieu
se retrouve également au pied de l'Aiguille du Goléon.
Le sandur se passe en rive Est. Pour notre part, nous avons chaussé les crampons à son niveau. Après une courte montée,
on arrive au-dessus du pied du Glacier de Saint-Sorlin.
En arrivant en vue du glacier, on voit également notre objectif, le Pic de l'Etendard, sur la droite.
On descend donc pour prendre pied sur le glacier, on s'encorde et c'est parti !
Une fois sous les pentes du Pic de l'Etendard, on entame la longue montée "facile" qui va nous conduire
juste sous le sommet, sous le pic de droite.
La montée est longue jusqu'au replat sous le sommet, mais elle n'est pas technique. Lors de notre ascension, deux
personnes à skis de randonnée nous ont doublé. Une des 3 personnes qui tentaient le sommet depuis le refuge
(comme nous) a abondonné et attendait ses amis sur une pierre dans cette même montée. Pendant que l'on monte, on a une
superbe vue sur les Cimes du Grand et Petit Sauvage.
Au niveau du replat sous le sommet, nous avont eu la surprise de voir des traces de chamois.
La montée finale sous le sommet est beaucoup plus raide (40° environ juste avant de franchir la corniche) et nécessite
de savoir marcher avec des crampons dans des pentes soutenues. Entre temps, nous sommes repassés devant les skieurs.
Juste avant la corniche, les skieurs repassent devant alors que chaque pas demande plus d'effort que le précédent.
Après avoir franchi la corniche pour rejoindre l'arête, il ne reste plus que quelques dizaines de mètres pour atteindre
le sommet.
Au sommet les deux alpinistes du refuge sont repartis quand nous sommes arrivés, les skieurs se sont assez
rapidement lancés dans une descente bien méritée et nous avons donc eu le sommet pour nous tous seuls. Drôle
de coïncidence, en ce 6 Juillet (06/07), nous sommes 6 à avoir atteint le sommet sur 7 personnes à l'avoir tenté.
Comme d'habitude, voici un petit tour d'horizon photographique (de la gauche vers la droite) pour vous présenter la vue.
Après une pause qu'il vaut mieux éviter de trop étendre car la neige transforme vite, on attaque le retour.
On redescend donc l'arête jusqu'au passage de la corniche, puis on redescend la grande pente jusqu'au replat.
Une fois de retour sur le replat sous la partie pentue, il ne reste plus qu'à redescendre sur la partie plane du glacier,
dans le fond de la vallée.
Une fois sur le glacier dans le fond de la vallée, on le redescend en rive gauche et on le quitte là où l'on est rentré.
On va maintenant redescendre vers le sandur et perdre le Pic de l'Etendard de vue (dans notre dos). On se retourne donc
une dernière fois pour le contempler, puis on le "quitte" définitivement.
Une fois le sandur franchi, on peut passer en rive Est des lacs, pour varier par rapport à l'aller.
Entre les deux lacs, on passe au Col Sud des Lacs.
Après le Lac Bramant, on n'oublie pas le petit crochet au refuge pour reprendre les duvets et autres affaires
laissées là. En prime, un petit diabolo-menthe et une crêpe aux myrtilles pour se féliciter du sommet et
échanger quelques mots avec les gardiens nous ont fait le plus grand bien.
On remonte ensuite en direction du Col Nord des Lacs pour redescendre de l'autre côté et rentrer au
Col de la Croix de Fer par un itinéraire différent de celui de l'aller.
Une fois au sommet et durant toute la descente, on a une superbe vue sur les Aiguilles d'Arves.
La redescente s'effectue par une piste de ski. En bas on rejoint une autre piste qui, en prenant sur la gauche, va nous
ramener au Col de la Croix de Fer.
Juste après avoir rejoint la piste du bas, si l'on se retourne, surprise ! Le Pic de l'Etendard nous fait un dernier
petit coucou avant de disparaître définitivement.
Pour la fin de l'itinéraire, il suffit de suivre la piste jusqu'au Col de la Croix de Fer.
Et voilà, c'est la fin de cette bien belle course d'alpinisme. Même en négligeant la magnifique vue et
le parcours splendire du glacier, celle-ci comptera toujours tout particulièrement pour moi,
puisque ça aura été ma première vraie course sans guide, avec nuit en refuge, seuls, "comme des grands" ...