Point culminant du Massif de Chambeyron, l'Aiguille de Chambeyron fait partie de ces sommets qui n'ont aucune
voie facile. Rien que la marche d'approche fait déjà l'objet d'une bonne randonnée. L'un des plus beaux points
de vue de l'Ubaye (et même des Alpes) se mérite !
Première approche
Au départ du village de Fouillouse, dans la Vallée de l'Ubaye, on commencera par monter au Refuge du
Chambeyron, puis on prendra la direction du Lac des Neuf Couleurs, avant de bifurquer pour rejoindre le
Couloir Gastaldi. On remontra alors ce dernier jusqu'à mi-hauteur, pour aller rejoindre la Brèche Nérot Vernet,
pour finir l'ascension par un habile cheminement dans la face Sud de l'Aiguille de Chambeyron. Le retour
s'effectuera par le même itinéraire.
Itinéraire à suivre
L'itinéraire commence à Fouillouse, au-dessus de Saint-Paul-sur-Ubaye, dans la Haute Vallée de l'Ubaye.
L'itinéraire étant très long, mieux vaut partir tôt. Pour gagner du temps, nous avons planté la tente sur
le parking à l'entrée de Fouillouse, comme ça, nous n'avons eu qu'à tout ranger dans la voiture avant de partir.
L'itinéraire décrit ici est une course d'alpinisme cotée PD-. Le Couloir Gastaldi étant enneigé assez tard
dans la saison, il faut emporter piolet et crampons. Il faut également s'encorder, car à partir de la Brèche
Nérot Vernet, l'itinéraire devient assez aérien, surtout si l'on sort de la voie qui est assez difficile à
suivre par moments.
Une fois que tout est prêt, on peut s'attaquer à cette course vers le plus haut sommet du Massif de Chambeyron.
On commence par suivre la piste qui traverse Fouillouse, puis après les dernières maisons, on prend le chemin
balisé qui monte sur la gauche (panneau "Chemin du Chambeyron"). On atteint ensuite rapidement le carrefour des
"Cloutasses", auquel on prend sur la droite, en direction du Refuge du Chambeyron.
Après le carrefour des "Cloutasses", on s'engage dans une longue montée vers le Refuge du Chambeyron. Au départ,
on monte dans une forêt peu dense, puis on traverse le versant Sud de la Souvagea jusqu'à atteindre le refuge.
Une fois au Refuge du Chambeyron, on continue notre chemin en direction du Lac des Neuf Couleurs, jusqu'à
arriver assez rapidement à un carrefour (sous la Souvagea), où il faut prendre le sentier de droite, toujours en
direction du Lac des Neuf Couleurs. On passe ainsi le long du Lac Long, puis une fois au point à 2803 m sur
les cartes IGN (juste avant de passer sous le Lac de l'Etoile), on quitte le chemin pour passer entre le Lac Noir
et le Lac de l'Etoile. On traverse ensuite une zone de gros blocs rocheux, jusqu'à atteindre la base du cône
d'éboulis issu du Couloir Gastaldi. Pour identifier le Couloir Gastaldi facilement, il faut viser celui juste
après être passé sous le sommet.
Une fois au pied du cône d'éboulis, la marche d'approche se termine. On peut mettre le casque dès maintenant,
car le haut est assez instable et on a vite fait de se prendre une pierre. Remonter ce tas croulant est
interminable. En haut du cône, on arrive enfin dans le Couloir Gastaldi. Ce dernier est enneigé jusqu'à tard
dans la saison. Avec de la neige, on chausse les crampons et on remonte facilement jusqu'à buter sur le pied
d'une paroi rocheuse, là où une belle vire part sur la droite.
Une fois au pied de la paroi rocheuse, on quitte le couloir sur la droite, par la grosse vire. Rapidement,
cette vire se "sépare" en deux parties : une belle langue plane sur la droite et un petit couloir le long
de la falaise sur la gauche. La majorité des topos sur Internet passent par la droite, par une vire exposée
équipée d'une main courante. Nous sommes passés par le couloir de gauche. Il grimpe un peu plus (mais ne
présente pas de difficulté) et offre l'énorme avantage de contourner le passage exposé. Après le passage
"en sécurité" dans le couloir, sans voir le vide, on arrive sur une vire facile qui mène directement à
la Brèche Nérot Vernet.
Depuis la Brèche Nérot Vernet, il faut suivre l'arête en direction de l'Ouest. Au départ, on grimpe bien,
puis l'arête redevient plutôt horizontale, jusqu'à un passage très effilé (mais facile et assez peu exposé).
Après ce passage, on arrive à un petit col, auquel deux options s'offrent à nous. On peut, soit continuer sur
la vire qui part dans la face Sud, pour ensuite revenir dans la partie haute du Couloir Gastaldi par de petits
ressauts rocheux et des pentes d'éboulis (ce que nous avons fait à l'aller), soit traverser le haut du Couloir
Nérot sur notre droite, pour remonter ses derniers mètres et sortir dans la partie haute du Couloir Gastaldi,
juste sur la droite d'un grand gendarme (ce que nous avons fait au retour et qui nous a semblé moins exposé).
On revient alors vers le fond du Couloir Gastaldi, et on traverse ce dernier là où c'est le plus facile,
juste sous la paroi verticale. Avec ou sans neige, ce passage est exposé et il convient de rester très prudent
à cet endroit.
A la sortie du couloir, il faut suivre la vire qui part sur la gauche et ne pas remonter dans le couloir qui
part tout droit. Au bout de cette vire, on monte sur la droite, à travers un système de gradins rocheux assez
labyrinthique. On finit par voir une grande tour blanche et en arrivant proche de son pied (plutôt sur la gauche),
on découvre une vire qui traverse sous cette dernière pour nous permettre de remonter sur sa droite. Ensuite,
après quelques "escaliers géants" (marqués avec des ronds de peinture blanche), on arrive enfin sous le ressaut final,
en haut duquel une croix marque notre objectif.
Une fois sous le ressaut final, on remonte jusqu'au pied de ce dernier, puis on traverse vers la gauche,
pour atteindre le sommet par un pas d'escalade facile dans la brèche.
Nous voilà donc au sommet de l'Aiguille de Chambeyron, à 3412 m, point culminant du Massif de Chambeyron
(massif méconnu, mais pourtant magnifique). Comme d'habitude depuis un sommet, je fais un tour d'horizon
photographique (de la gauche vers la droite) pour vous présenter la vue. Passez votre souris sur le nom
d'une montagne dans la description d'une photo pour la voir entourée sur la photo correspondante.
Après une bonne pause au sommet de cette montagne qui paraissait si inaccessible d'en bas, il faut bien se
résoudre à attaquer la descente. Le retour se fait par le même itinéraire. On commence donc par désescalader
le ressaut final, puis on redescend la face Sud, jusqu'à revenir là où l'on traverse le Couloir Gastaldi.
Une fois de retour au Couloir Gastaldi, on le traverse et on se dirige vers le col sur la gauche du grand
gendarme. Ensuite, plutôt que de repasser par la pente exposée et les vires comme à l'aller, on franchit le
col pour rejoindre l'arête Est de l'Aiguille de Chambeyron par la partie haute du Couloir Nérot.
Une fois de retour sur l'arête Est de l'Aiguille de Chambeyron, on suit cette dernière jusqu'à la Brèche
Nérot Vernet. Au début, l'arête est plutôt plate et effilée, puis une désescalade nous ramène à la brèche.
Ensuite, on reprend la même vire qu'à l'aller (celle du haut pour éviter le passage exposé de celle du bas),
pour revenir dans la partie basse du Couloir Gastaldi.
Pour la partie basse du Couloir Gastaldi, on rechausse les crampons s'il reste de la neige (on se réencorde
au besoin), et c'est parti. De retour en haut du cône d'éboulis, on range tout le matériel (sauf le casque)
et on se lance dans la descente de ce tas instable, beaucoup plus plaisante et facile que la montée. En bas
de l'éboulis, on peut enfin ranger le casque. Il ne reste alors plus qu'à retraverser la zone de gros blocs
rocheux pour revenir sur le chemin du Refuge du Chambeyron.
Une fois de retour sur le chemin, la fin est plutôt simple : on revient au Refuge du Chambeyron en repassant
le long du Lac Long, puis, on revient à Fouillouse en retraversant le versant Sud de la Souvagea,
en redescendant au carrefour des Cloutasses, et en redescendant au carrefour du Chemin du Chambeyron.
Et voilà, ainsi s'achève cette course d'alpinisme sur le plus haut sommet du Massif de Chambeyron. Aussi peu
fréquenté que beau, cet itinéraire est la garantie de passer une journée loin de la foule et de l'agitation.
La seule "contrepartie" est d'avoir le pied sûr et d'être à l'aise avec le vide.
Attention, cet itinéraire est une course d'alpinisme cotée PD- et non
une randonnée. L'itinéraire est, par endroits, très aérien et il est parfois difficile de se repérer,
ce qui conduit à se retrouver sur des vires exposées en cul-de-sac, au beau milieu de la falaise.
Il faut donc être très à l'aise avec le vide et maîtriser les techniques d'assurage avec une corde.