Grande muraille rocheuse au Nord du Massif des Trois-Evêchés, la Grande Séolane possède deux sommets. Si la cime
Nord, la plus haute, est relativement facile d'accès, la cime Sud requiert beaucoup plus d'attention et une
certaine aisance en présence du vide.
Première approche
Au départ de la station des Agneliers, le long de la route du Col d'Allos, on commencera par monter au Col
des Thuiles, avant de quitter les sentiers pour attaquer le versant Est de la Grande Séolane. Après une
remontée facile jusqu'au col entre les deux sommets, on ira faire une rapide visite à la pointe Sud par un
passage assez technique et exposé, avant de revenir au col, pour se rendre à la pointe Nord (la plus haute),
par une trace bien marquée et sans difficulté. Pour le retour, on redescendra un peu plus bas que le col
entre les deux sommets, jusqu'à trouver un couloir dans la face Sud-Est, nous permettant de revenir au Col
des Thuiles par la Cabane Forestière de l'Aup du Serre. Enfin, on reviendra à notre point de départ par le
même chemin qu'à l'aller.
Itinéraire à suivre
L'itinéraire commence à la station des Agneliers, le long de la route du Col d'Allos, entre Uvernet-Fours et
le Col d'Allos, plus précisément au pied du Télésiège des Ubaguets. On se gare au niveau du Refuge des
Agneliers, sur la droite de la route dans le sens de la montée. Quelques mètres plus loin, il faut prendre
le chemin qui monte sur la droite. On passe ainsi au pied du Télésiège des Agneliers, puis juste au-dessus
de la Chapelle Saint-Jean-Baptiste, avant une longue traversée en forêt qui nous mène aux Agneliers-Hauts.
Une fois aux Agneliers-Hauts, d'après la carte, plusieurs options sont possibles pour rejoindre le haut du
Télésiège des Agneliers. On peut soit continuer tout droit et remonter la piste qui passe au pied du
Télésiège des Quartiers, soit prendre le pont sur la droite et remonter la piste en lacet sous le Télésiège
des Agneliers. C'est cette deuxième option que j'ai choisie à la montée, mais la piste sous le télésiège
était envahie de hautes herbes et j'aurais finalement dû prendre la même option qu'à la descente, en passant par
le bas du Télésiège des Quartiers. Quelle que soit l'option choisie, on arrive assez rapidement au sommet
du Télésiège des Agneliers.
On continue ensuite de remonter la piste rouge des Quartiers, que l'on quitte vers 2200 mètres d'altitude,
pour prendre le discret chemin qui monte sur la gauche. Rapidement, on passe une petite crête et la vue se
dégage alors sur la face Sud-Est de la Grande Séolane. On continue doucement de monter en direction du Col
des Thuiles (vers 2330 m, on passe à une intersection peu marquée dans l'herbe, où il faut prendre sur la
gauche, le chemin de droite ramenant sur la piste des Quartiers). Le Col des Thuiles est très encaissé entre
la Grande Séolane au Sud-Ouest et la Crête de Coste Belle au Nord-Est. Les 150 mètres qui séparent le début
du passage du col, du col à proprement parler donnent ainsi l'impression d'être dans un "passage secret".
Une fois au Col des Thuiles, les difficultés commencent. On quitte le chemin sur la gauche, pour se diriger
vers la paroi de la face Est de la Grande Séolane. Au départ, le cheminement ne paraît pas évident, mais en
suivant les cairns, on découvre que des flèches et du balisage jaune indiquent l'itinéraire à suivre.
Au pied de la petite barre rocheuse, on découvre une vire qui était invisible depuis le Col des Thuiles,
pourtant tout proche. Cette vire permet de remonter la barre rocheuse sans difficulté, juste en s'aidant un
peu des mains. Ensuite, en suivant le balisage, on remonte une zone herbeuse peu pentue, avant de remonter un
deuxième ressaut sur la droite, dans de grandes dalles. On arrive alors sur un immense replat en pente douce,
qui remonte jusqu'au pied des deux sommets de la Grande Séolane. Dans cette zone, on croise de nombreux
bouquetins.
Une fois en haut du grand replat (pas si plat que ça ...), la trace se dirige vers le pied du sommet Nord,
puis part sur la droite, pour franchir le dernier ressaut rocheux qui nous sépare du col entre les
deux sommets. Une fois au col entre les deux sommets, avant de continuer sur le sentier qui monte au
sommet de pointe Nord, le "vrai" sommet de la Grande Séolane, on fait un détour par l'impressionnante pointe
Sud. Pour cela, on rejoint l'arête par une vire assez bien marquée qui mène au pied du principal ressaut de
l'arête. On escalade alors ce dernier en faisant très attention, car même si le passage n'est pas très
technique, il est assez exposé. Ensuite, le sommet se trouve au bout de l'arête, assez effilée, mais facile.
Une fois le sommet Sud atteint, on fait quelques photos, on boit un coup, puis on repart au col entre les
deux sommets. La redescente de l'arête doit évidemment se faire avec la plus grande prudence.
De retour au col entre les deux sommets, on reprend la trace, qui franchit la falaise Sud du sommet Nord en
remontant sur la droite. Une fois la dernière barrière rocheuse passée, on remonte sur la gauche par une
grande pente herbeuse et le sommet Nord est rapidement atteint.
Nous voilà donc au sommet de la Grande Séolane, cette imposante montagne du Nord du Massif des Trois-Evêchés.
Comme d'habitude depuis un sommet, je fais un tour d'horizon photographique (de la gauche vers la droite)
pour vous présenter la vue. Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour
la voir entourée sur la photo correspondante.
Après une bonne pause contemplative au sommet, et après avoir mangé un morceau, on attaque la redescente.
Pour cela, on commence par redescendre la grande pente sommitale, puis on revient au col entre les deux
sommets. On re-traverse ensuite sous le sommet Sud de la Grande Séolane, pour revenir en haut du grand
replat. En suivant le chemin qui redescend le long de la falaise, on voit rapidement (vers 2750 m) un grand
couloir qui descend sur la droite, à travers la falaise de la face Sud-Est. L'accès à ce couloir est
marqué de deux cairns, vers 2730 m, le long de notre chemin. On quitte alors le chemin de la montée et on
s'engage dans l'impressionnant couloir qui va nous permettre de ne pas redescendre par le même chemin qu'à
l'aller.
La descente du couloir de la face Sud-Est de la Grande Séolane est assez raide, mais n'est pas vraiment dangereuse.
Il faut surtout faire attention à ne pas envoyer de pierres sur les gens en dessous (s'il y en a ...) dans
la partie haute. Dans la partie basse, il y a quelques passages un peu plus raides, mais en faisant attention,
il n'y a pas de problème. Vers 2580 m, on atteint le haut d'une grande langue d'herbe qui monte directement
depuis les ruines de la Cabane Forestière de l'Aup du Serre. On peut redescendre directement par cette
dernière pour rejoindre le chemin qui passe juste à côté des ruines, plutôt que de continuer sur la trace
qui rejoint le même chemin beaucoup plus loin. Une fois sur le chemin au niveau des ruines de la Cabane
Forestière de l'Aup du Serre, on suit ce dernier sur la gauche, pour revenir au Col des Thuiles en longeant
la face Sud-Est de la Grande Séolane.
De retour au Col des Thuiles, on reprend le chemin de l'aller, mais au petit carrefour dans l'herbe,
vers 2330 m, plutôt que de revenir par le chemin de droite comme à l'aller, on continue tout droit,
pour revenir directement sur la piste rouge des Quartiers. On suit ensuite cette piste, jusqu'à revenir
en haut du Télésiège des Agneliers, puis on continue sur cette dernière pour redescendre aux
Agneliers-Hauts en passant au pied du Télésiège des Quartiers. On revient ensuite très rapidement à la
station des Agneliers.
Avant de finir cette belle randonnée, je prends quelques secondes pour vous raconter ma mésaventure "finale".
Alors que j'étais presque de retour au parking, juste avant de revenir au pied du Télésiège des Agneliers,
je suis passé à côté d'un parc à moutons. Celui-ci était fermé et les bergers étaient juste à côté.
Les chiens sont alors venus vers moi en aboyant de façon très menaçante, alors que je ne quittais pas la piste,
sans regarder le troupeau et sans m'attarder. Plus j'avançais (alors que j'avais déjà largement dépassé
le troupeau), plus ils se rapprochaient ... Ils ont commencé à mordre mes bâtons de randonnée, puis l'un
d'eux m'a finalement mordu le pied et arraché ma chaussure. Les bergers (à qui j'avais dit bonjour le
matin-même et qui ne m'avaient pas répondu, au passage ...), qui voyaient toute la scène, n'ont absolument
pas bougé ... On peut avoir l'avis que l'on veut sur le loup, rien ne justifie ce genre de chiens totalement
hors de contrôle qui se sont multipliés ces dernières années partout à travers les Alpes. Depuis quelques
années, entendre une cloche de mouton est devenu un signe de danger pour les randonneurs ... Bref, passons,
les choses sont comme elles sont ...
Cette sympathique randonnée sur les deux sommets de la Grande Séolane est maintenant terminée. Pour ma part,
je n'étais que de passage dans la région pour glaner quatre sommets pour mon
Défi des 39 Sommets
(le Grand Bérard,
le Mont Pelat,
la Tête de l'Estrop et
le Puy de Rent). La Grande Séolane étant vraiment
"remarquable" visuellement, je n'ai pas pu m'empêcher d'y monter. A l'origine, en me lançant ce
Défi des 39 Sommets , je voulais surtout me forcer à découvrir
les régions des Alpes que je ne connaissais pas encore. Ainsi, c'est grâce à ce défi que j'ai pu découvrir la
Grande Séolane, que je n'aurais probablement jamais connu autrement. J'ai également beaucoup apprécié le secteur,
et je compte y revenir, en particulier pour l'aspect "cyclisme" que je n'ai pas eu le temps d'explorer,
la région regorgeant de cols mythique, dont la fameuse Cime de la Bonette, plus haute route
goudronnée de France. La date n'est pas encore arrêtée, mais une chose est sûre, je reviendrai dans ce
magnifique secteur !