Le Mont Elbrouz - Эльбрус
Avec ses 5642 m, le Mont Elbrouz, dans le Caucase, est le plus haut sommet d'Europe. A une telle altitude, pas question de monter là-haut sans une bonne acclimatation.
Première approche
Cette page décrit la voie normale de la face Nord, la voie normale "des vrais alpinistes" peut-on lire sur Internet. En effet, la face Nord est restée très sauvage et même si l'itinéraire n'est pas difficile techniquement (coté F+), il ne fait nul doute que nous sommes à la montagne. Au contraire, la face Sud a été très équipée et il est possible de monter par des remontées mécaniques, puis en dameuse jusqu'à 5100 m ... On comprend ainsi mieux que la face Sud soit un peu décriée, même si l'on peut également y monter à pied, mais entre les télésièges et les dameuses ...
Cette ascension de l'Elbrouz était un projet commun avec l'ami d'école (Florent) retrouvé au Refuge des Ecrins, lors de mon ascension de la Barre des Ecrins. Découvrant que nous avions une passion commune, nous avions voulu marquer le coup en gravissant un sommet mythique ensemble. C'est ainsi que début Juin 2018, nous sommes partis en Russie (en période de Coupe du Monde de Football ...) pour gravir le Mont Elbrouz !
Compte tenue de la longueur de l'ascension, on ne peut pas se passer d'acclimatation sur l'Elbrouz. L'organisme par lequel nous sommes passés (bigmountain.ru) permet de faire une ascension plutôt classique, en 8 jours (10 jours voyage inclus) :
  • Jour 0 : vol France - Russie (Mineralnye Vody).
  • Jour 1 : trajet en 4x4 de Mineralnye Vody au camp de base de la face Nord.
  • Jour 2 : montée du camp de base au camp 1 en passant par l'Aérodrome Allemand. Une fois au camp 1, petite boucle pour aller voir les Champignons de Pierre.
  • Jour 3 : montée du camp 1 au camp d'assaut.
  • Jour 4 : journée d'acclimatation, montée à 4840 m, dans les Rochers de Lenz.
  • Jour 5 : école de glace et journée de repos.
  • Jour 6 : sommet !
  • Jour 7 : redescente au camp de base et trajet vers Piatigorsk en 4x4 ou jour de réserve pour le sommet.
  • Jour 8 : jour libre à Piatigorsk ou redescente au camp de base et trajet vers Piatigorsk en 4x4 si jour de réserve utilisé.
  • Jour 9 : vol retour en France.
Nous avons choisi de passer par bigmountain.ru, car c'était la seule agence russe et francophone. Nous préférions partir avec un organisme "local" plutôt qu'avec l'un des géants internationaux, pour plus "d'authenticité". Même si l'ascension est relativement facile, nous ne voulions pas partir seuls à cause de la complexité administrative qu'implique un voyage en Russie. Svetlana de bigmountain.ru a su nous faciliter toutes les démarches et nous avons ainsi évité beaucoup de galères ...
Le Mont Elbrouz, vu depuis le camp d'assaut : sommet Est (5621 m) à gauche et sommet Ouest (5642 m) à droite.
La Russie
Avant de commencer la description de l'itinéraire, comment ne pas faire une petite digression sur la Russie de façon générale ? A peine arrivé, nous avons rapidement constaté que la majorité des clichés que nous avons sont malheureusement vrais ... Pour commencer, pour nous amener de l'aéroport à notre hôtel (vers 4 h du matin ...), notre taxi était un véritable pilote, bien évidemment dans une voiture soviétique respectant tous les clichés ! Les pneus crissent, on s'accroche à ce qu'on peut ... En route, nous voyons un gros accident impliquant plusieurs véhicules (le seul du séjour en fait, mais direct en arrivant, ça met dans l'ambiance !) et nous roulons à plus de 100 km/h en ville. Suite à une erreur d'itinéraire, notre taxi fait demi-tour en passant sur un terre-plein central fleuri ... Sur un trottoir, nous croyons voir un homme ivre et armé. Etait-ce notre cerveau qui nous jouait des tours à cette heure avancée ? Etait-ce la Russie ? Nous étions deux à avoir cru voir là même chose ... Bienvenue en Russie !!!
Après cette première expérience russe, une fois arrivés à l'hôtel, nous n'avons pas mis longtemps à nous endormir ...
Jour 1 : Mineralnye Vody - Camp de base
Premier jour en Russie, réveil après une courte nuit. Svetlana vient nous récupérer à l'hôtel et nous prenons la route pour l'Elbrouz. Notre véhicule est un UAZ 452 : comment faire plus soviétique ? Dans le fourgon, nous faisons la connaissance de Julien, un autre Français. Nous nous arrêtons dans un magasin d'alpinisme avant de quitter les dernières grosses villes. Nous y rencontrons le reste du groupe (arrivé dans un autre van) : Ryan et son père (qui ne nous accompagnera que jusqu'au camp de base, à cause d'une récente blessure au genou) et deux amies russes : Arina et Anika.
Notre van qui nous a emmené de Mineralnye Vody au camp de base de la face Nord de l'Elbrouz : le UAZ 452. Contrairement aux apparences, il est pratiquement neuf. Sa robustesse en a fait un utilitaire de référence en Russie : il est vendu depuis 1956, mais son design n'a jamais changé !
Après cette pause pour que ceux à qui il manquait des affaires puissent acheter / louer le matériel manquant, les deux vans ont repris la (longue) route en direction du camp de base de la face Nord de l'Elbrouz. A un moment, nous avons passé un genre de checkpoint et Svetlana nous a plus ou moins demandé de ne rien faire (ne pas trop parler, ne pas trop regarder). Après 20 bonnes minutes d'inspection du van, des papiers et ce qui nous a semblé un petit interrogatoire des guides, nous avons pu reprendre notre chemin. Les relations étant assez tendues entre la Russie et la Géorgie, la frontière entre les deux pays étant aussi la frontière entre l'Europe et l'Asie et la Russie ayant sa petite réputation en matière de Droits de l'Homme / corruption, on comprend bien que les contrôles de police dans cette zone sont assez tendus ...
La suite de la route, en arrivant sur les contreforts du Caucase, est beaucoup plus sauvage. Parfois, il faut slalomer entre les trous d'une route plus entretenue depuis des années, parfois, il faut se faufiler entre la rambarde de sécurité et une coulée de boue ou une avalanche qui a terminé sa course sur la route ... C'est assez folklorique ! Puis contrairement à chez nous, la route ne semble pas s'embêter à faire des lacets : aller droit dans la pente semble être la norme, tant que les véhicules ne sont pas en chute libre. Dans le valeureux UAZ, ça peut faire peur ! L'autre van, plus récent (de conception), semblait avoir beaucoup moins de mal sur la route. Non loin du camp de base, nous avons quitté la route pour prendre une piste très chaotique. Pour être tout à fait honnête, j'ai eu très peur sur cette piste (à l'aller comme au retour) et ça a été l'épreuve la plus dure de cette ascension ... C'est sur cette piste boueuse (au-dessus d'un ravin !) que le UAZ a révélé tout son potentiel. Il passait partout, sans problème, nous avons même été tracter l'autre van qui s'était embourbé. Et quand la piste en piteux état nous forçait à passer (beaucoup trop) inclinés au-dessus du vide, avec la sensation d'être à la limite de se renverser, le petit UAZ passait tranquillement, en s'inclinant encore plus au-dessus du vide.
Dans l'ordre de lecture : le checkpoint sur la route, la route partiellement recouverte par une petite avalanche de pierres, une descente où l'on ne sait plus trop si l'on roule ou si l'on tombe et la piste qui va au camp de base de la face Nord.
Après ce petit tour de ... Montagnes Russes ! (mon dieu qu'elle est bonne celle-là !), pour arriver au camp de base (la route semblait y aller aussi, avons-nous juste éviter un autre checkpoint en passant par là ?), nous sommes arrivés à la nuit tombante, sous la pluie. Nous avons rapidement monté les tentes et nous nous sommes couchés, sans demander notre reste.
Arrivée au camp de base de la face Nord, sous une pluie battante.
Jour 2 : Camp de base - Camp 1
La première nuit en tente fut assez rude. Nous avions beau être en Juin et un peu plus au Sud que chez nous, à 2540 m d'altitude, il fait froid la nuit, même dans un duvet hors de prix (Valandré Bloody Mary) ! Au réveil (5h30), l'ambiance maussade de la veille avait laissé place à un grand ciel bleu. L'Elbrouz se tenait là en toile de fond. Il nous regardait, on doutait ... Les autres montagnes qui nous entouraient, saupoudrées de blanc par le mauvais temps de la veille, venaient parfaire le tableau. Une source se trouvant non loin de notre campement permet de faire le plein. Dans la prairie alpine qui entoure le bivouac du camp de base, des Sousliks du Caucase (il me semble en tout cas ; une espèce endémique de la région de l'Elbrouz, un genre d'écureuil qui vit comme une marmotte) gambadent un peu partout. N'ayant pas mangé la veille au soir à cause de la météo pourrie, je me suis fait des pâtes bolognaise lyophilisées en guise de petit-déjeuner.
Réveil au camp de base de la face Nord de l'Elbrouz, sous le Soleil. Au fond on voit l'Elbrouz, l'objectif de notre séjour.
Les montagnes qui entourent le camp de base.
La source d'eau, non loin du camp de base.
Les bonnes pâtes à la bolognaise lyophilisées, à 6h30 du matin. Miam !
Des Sousliks du Caucase, proches de nos tentes.
Le Mont Elbrouz, vu depuis le camp de base de la face Nord. A gauche, on a le sommet Est et à droite le sommet Ouest (notre objectif). L'origine volcanique de cette montagne est assez évidente sur cette photo.
Une fois le petit-déjeuner terminé, on lève le camp ! On remballe les tentes, on fait les sacs et on prend la route du camp 1, un confortable replat vers 3060 m d'altitude. Les sacs sont lourds (environ 20 kg), mais il faut bien porter toutes nos affaires pour cette semaine d'ascension. Malgré tout, il est possible de faire appel à des porteurs si l'on veut épargner un peu son dos. Et encore, la nourriture nous étant fournie au camp d'assaut, nous économisons déjà beaucoup de poids.
Moi, juste avant de partir pour le camp 1. Les bâtons sont bienvenus pour aider à supporter le poids du sac.
On commence par se rendre au véritable camp de base (nous étions en fait au bivouac sous le camp de base), en traversant le torrent Kyzylkol (Кызылкол) par une passerelle assez douteuse. Une fois au camp de base, on le traverse pour rejoindre la gorge à l'Ouest de ce dernier. Un chemin remonte cette gorge et finit par s'en écarter pour arriver à l'Aérodrome Allemand, un immense replat vers 2850 m d'altitude.
La passerelle sur le Kyzylkol, entre notre lieu de bivouac et le véritable camp de base.
Arrivée au camp de base de la face Nord de l'Elbrouz.
A la sortie du camp de base, en direction de la gorge à l'Ouest.
Le chemin qui remonte la gorge, à l'Ouest du camp de base.
Avant d'arriver à l'Aérodrome Allemand, le chemin s'écarte de la gorge.
Arrivée à l'Aérodrome Allemand.
On traverse ensuite l'Aérodrome Allemand, puis le chemin remonte la pente que l'on voit de l'autre côté de ce dernier. Une fois en haut, le sentier emprunte un petit vallon qui nous amène au replat du camp 1.
Traversée de l'Aérodrome Allemand.
Reprise de l'ascension après avoir traversé l'Aérodrome Allemand.
Regard en arrière sur l'Aérodrome Allemand. On se rend mieux compte de l'ampleur de cette étendue en pleine montagne, depuis ce point de vue.
Le petit vallon qui mène au replat du camp 1.
Au camp 1, nous montons rapidement les tentes et nous partons voir les Champignons de Pierre. De l'autre côté du replat, au Sud-Est, il faut suivre le chemin qui monte assez vite vers les étranges formations géologiques.
Le replat du camp 1. Pour monter aux Champignons de Pierre, il faut monter dans le petit vallon juste à gauche de la plaque de neige au centre de la photo. On peut également monter par la grosse pente neigeuse du centre de la photo.
Arrivée aux Champignons de Pierre, par la grosse pente de neige de la photo précédente.
Les Champignons de Pierre.
D'autres Champignons de Pierre.
Après cette petite visite aux Champignons de Pierre, on retourne au camp 1, par le chemin conventionnel.
Début de la redescente des Champignons de Pierre vers le camp 1.
Un mini lac entre les Champignons de Pierre et le camp 1.
Retour au camp 1.
Après cette première journée d'ascension sur les flancs de l'Elbrouz, l'effort ayant été assez peu intense (7.5 km pour 700 m de dénivelé), les forces des troupes n'étaient pas vraiment entamées. Et heureusement, car une seconde nuit de pluie, puis de neige et de froid nous attendait ... Le froid intense nous a empêché de trouver le sommeil et a fait geler nos gourdes.
Jour 3 : Camp 1 - Camp d'assaut
Le troisième jour de l'expédition a pour but de rejoindre le camp d'assaut, la dernière étape avant le sommet. Le réveil est frais, très frais. Les toiles de tentes sont gelées, le petit torrent qui coule non loin de là a également gelé durant la nuit. Heureusement, il reste un minimum de débit pour que nous puissions remplir nos gourdes. Après avoir pris un petit-déjeuner en tentant de se réchauffer comme on pouvait, nous avons rangé les tentes et nous avons pris la direction du camp d'assaut.
Réveil glacial au camp 1.
Le petit torrent près du camp 1, dont le débit augmentait peu à peu à mesure que les rayons du Soleil réchauffaient l'air glacial de la nuit.
Pour rejoindre le camp d'assaut, il faut commencer par monter sur l'épaule à l'Ouest du camp 1. Une fois sur cette dernière, on suit le fil de la crête en direction du Sud-Ouest, avec les sommets de l'Elbrouz en toile de fond.
Départ du camp 1 en direction de l'épaule qui le surplombe à l'Ouest.
Une fois sur l'épaule, on suit le chemin qui remonte en direction du Sud-Ouest.
Au bout de l'épaule, on franchit un petit ressaut et on arrive ainsi sur "la Lune", un immense replat à l'ambiance lunaire.
Le ressaut rocheux au bout de la crête (ça monte juste un peu plus, pas la peine de mettre les mains).
Arrivée sur "la Lune".
Regard en arrière en traversant "la Lune".
Après avoir traversé "la Lune", la trace monte en direction du Sud dans une forte pente, avant de serpenter entre de gros blocs rocheux pour atteindre le camp d'assaut.
La trace qui remonte le ressaut après avoir traversé "la Lune".
En haut du ressaut après "la Lune". Le camp d'assaut se trouve en haut du prochain ressaut (que l'on contourne par la gauche).
Arrivée au pied du dernier ressaut, sous le camp d'assaut.
Arrivée aux premiers baraquements du camp d'assaut.
Le camp d'assaut est composé de plusieurs petits camps. Le nôtre (Теплый Стан, "Tente Chaude" en français) avait l'avantage d'être le plus haut, ce qui fait une soixantaine de mètres de dénivelé en moins par rapport aux autres le jour J. Tout est bon à prendre ! Pour le rejoindre, il faut traverser le replat du camp d'assaut et monter vers les baraquements les plus élevés, sur la droite de la langue glaciaire qui descend jusque-là.
Traversée du replat du camp d'assaut de la face Nord de l'Elbrouz. On voit Теплый Стан, tout en haut à gauche.
Arrivée à Теплый Стан, notre cocon de chaleur pour les nuits à venir (nous étions la seule expédition dans ce petit refuge, puisque sur la face Nord, chaque refuge ne semble accueillir qu'un seul groupe, peut-être deux pour certains).
Vue globale de Теплый Стан.
La salle commune du bâtiment principal de Теплый Стан.
De gauche à droite : l'entrée, une des chambres (mon "lit" en bas à droite) et la cuisine.
L'entrée de notre repas, servi en arrivant à Теплый Стан.
Enfin, à l'extérieur, les toilettes. Comme on le voit (surtout la nuit), il fallait vraiment avoir une envie pressante pour oser affronter le froid et la neige.
A la fin de cette deuxième journée, toujours très peu de fatigue : environ 4.2 km pour 730 m de dénivelé. La journée était loin d'être éprouvante.
Jour 4 : journée d'acclimatation
Après une première nuit à l'abri du froid dans notre "Tente Chaude", même si le sommeil ne voulait pas venir (probablement à cause de l'altitude), nous étions bien reposés. L'objectif de cette nouvelle journée était de faire une sortie d'acclimatation, jusqu'à environ 4840 m (histoire de dépasser le Mont Blanc ?), dans les Rochers de Lenz. A cette altitude et à cette période de l'année (12 Juin), pas de dégel, donc pas la peine de partir à des heures "désagréables". Après un confortable réveil avec le Soleil, nous partons donc vers 7h45 et entamons la longue (et un peu monotone) montée vers les Rochers de Lenz.
Départ de notre sortie d'acclimatation, en direction des Rochers le Lenz (que l'on devine, en haut, au centre de la photo).
L'itinéraire est relativement simple : il suffit de remonter la longue pente continue en direction de notre objectif. Vers 4410 m, on arrive à une roue d'hélicoptère, juste avant d'arriver au bas des Rochers de Lenz (vers 4570 m). Une fois au bas de ces derniers, on les longe sur la droite, en continuant de remonter le glacier de la face Nord de l'Elbrouz.
Remontée des pente de la face Nord de l'Elbrouz, avant d'arriver à la roue d'hélicoptère.
Arrivée à la roue d'hélicoptère (on voit son axe, vertical, à droite du centre de la photo).
Petite collation "locale" au niveau de la roue d'hélicoptère.
La montée en direction des Rochers de Lenz (visibles en haut à gauche), depuis la roue d'hélicoptère.
Arrivée au bas des Rochers de Lenz. L'écoulement du glacier forme des plateformes au pied des rochers. Ces plateformes sont un peu à l'abri du vent et permettent de s'abriter quelques instants avant de repartir.
Remontée du glacier de la face Nord, le long des Rochers de Lenz.
Arrivée vers le milieu des Rochers de Lenz, où la pente de l'Elbrouz se fait plus forte. C'est dans cette zone que se situait le sommet de notre sortie d'acclimatation.
Albert, notre guide, qui se dirige vers le rocher qui nous servira d'abri à vent, au sommet de notre sortie d'acclimatation.
Au sommet de notre sortie d'acclimatation, nous avons fait une bonne pause sous le Soleil, avant d'attaquer la redescente vers notre petit refuge "privé".
Petite pause au sommet de notre sortie d'acclimatation, à 4840 m, juste au-dessus du Mont Blanc.
Début de la redescente, après être monté plus haut que jamais (pour moi).
Pendant que l'on descend, dans les Rochers de Lenz, sur notre droite, un rocher fait penser à un lapin de 3/4 dos (au centre de l'image, et zoom en haut à droite).
Retour à la roue d'hélicoptère.
Durant la fin de notre redescente, on s'est fait doubler par des skieurs.
Fin de la descente de notre sortie d'acclimatation. Notre refuge est sur les rochers, juste au-dessus de Julien.
Retour au camp d'assaut.
Le repas qui nous attendait à notre retour de la sortie d'acclimatation.
Une fois de plus, la journée n'était pas très intense (8 km, 1050 m de dénivelé), ce qui permet de compenser les mauvaises nuits dues à l'altitude. En soirée, nous avons profité du coucher de Soleil sur les montagnes du Caucase.
Les lueurs du crépuscule en direction du Nord.
Coucher de Soleil sur le replat du camp d'assaut.
Coucher de Soleil sur le Mont Elbrouz. Il est toujours là, il nous regarde !
Jour 5 : école de glace
Après une mauvaise nuit supplémentaire, une nouvelle journée commence sans réveil, même si je pense ne pas avoir dormi une seule minute cette nuit-là. Cette cinquième journée est une journée de repos avant de partir à l'assaut du sommet. Seule une petite école de glace va nous permettre de nous dégourdir un peu les jambes.
Journée de repos, dans l'ordre de lecture : on découvre un petit rongeur qui vit dans les rochers du camp d'assaut (à 3790 m !), Albert nous fait quelques rappels sur des techniques d'alpinisme, séchage du matériel au Soleil pour le lendemain et ultime petit regard vers le sommet avant d'aller se coucher.
Le réveil étant prévu à 22h40 (!!!), nous avons préparé toutes nos affaires et nous sommes couchés à 18h.
Petit tas d'affaires pour le lendemain, pour ne rien oublier le jour J (il n'y avait pas que ça évidemment). Au centre, on remarquera le magnifique "caleçon des sommets", porté à chaque sommet important !
La mauvaise nuit va être courte, allez vite, au lit !
Jour 6 : sommet !
Après une nuit (peut-on vraiment parler de nuit ?) supplémentaire sans dormir, debout 22h40. Je m'étais déjà levé tôt, mais là, il faut bien admettre qu'on bat des records ... Le petit-déjeuner est vite englouti et le stress est palpable. Même si, rétrospectivement, tout s'est très bien passé, nous avions tous peur d'un échec ou de conditions très rudes. On part ensuite s'équiper dans la nuit, en silence. Pour cette journée "spéciale", un troisième guide (Sacha) nous rejoint, au cas où il faudrait redescendre des gens qui voudraient faire demi-tour ou qui auraient un problème.
Tout le monde s'équipe avant de partir à l'assaut du sommet.
On s'élance ensuite vers le sommet, invisible dans la nuit. Pour cela, on commence par suivre l'itinéraire de notre sortie d'acclimatation : on remonte la longue pente jusqu'à la roue d'hélicoptère, puis on rejoint les Rochers de Lenz que l'on longe sur leur droite. On marche tout doucement pour économiser nos forces, car la journée va être longue. Pour moi qui ai l'habitude de monter "rapidement", aller aussi lentement est un véritable calvaire. 200 m D+ / h sous les 4000 m d'altitude, c'est vraiment très dur ... Ca peut paraître paradoxal, mais il fallait presque faire un effort supplémentaire pour aller à cette vitesse.
Départ pour le sommet, dans la nuit.
Arrivée à la roue d'hélicoptère, en pleine nuit.
Arrivée au bas des Rochers de Lenz vers 3h30. On commence à voir les premières lueurs du jour. A ce point, Arina ne se sentait pas bien et a fait demi-tour avec Svetlana.
A 4h15, le Soleil se lève, ça remonte le moral et ça remotive les troupes !
On repasse ensuite à côté du sommet de note sortie d'acclimatation en continuant notre chemin. Quand la pente se radoucit, on tire doucement vers la droite pour viser le col entre les deux sommets de l'Elbrouz.
Le long des Rochers de Lenz, on commence à voir le col entre les deux sommets de l'Elbrouz se dessiner sur notre droite.
A l'approche du col entre les deux sommets de l'Elbrouz.
Plus on se rapprochait du col, plus Ryan se sentait mal. Arrivé au col, vers 5350 m, il a "sagement" décidé de renoncer, à la limite de l'œdème cérébral ... Sacha est donc redescendu avec lui. Il ne restait plus qu'Albert pour nous emmener au sommet, mais à cet instant, alors qu'il ne restait qu'environ 300 m de dénivelé, nous étions tous plus ou moins bien, et la météo était parfaite. Le sommet était donc presque garanti pour "les survivants". Un peu avant d'atteindre le col, Albert nous a fait nous désencorder puis nous sommes montés droit dans la pente pour rejoindre la voie normale de la face Sud sur le plateau du sommet Ouest (plutôt qu'au col).
Arrivée au col entre les deux sommets de l'Elbrouz.
Les "rescapés" commencent la montée vers le plateau sommital du sommet Ouest de l'Elbrouz.
La fin de la forte pente, avant de rejoindre la voie normale qui vient de la face Sud.
En arrivant sur le plateau sommital du sommet Ouest, on rejoint la voie normale de la face Sud.
Une fois sur le plateau sommital, il suffit de se laisser guider jusqu'au sommet par la large trace jalonnée de petits drapeaux. On rejoint ainsi très facilement le plus haut sommet d'Europe, en quelques minutes. En rejoignant le plateau sommital, nous nous sommes séparés, pour finir les 400 derniers mètres à notre rythme. Un groupe de personnes se trouvait une cinquantaine de mètres devant moi. J'ai donc voulu marcher "vite" pour arriver au sommet avant eux et faire quelques photos tant qu'il n'y avait pas trop de monde. Je me suis donc élancé à une folle vitesse qui devait avoisiner les 6 km/h, mais rapidement, j'ai senti que l'effort était beaucoup plus difficile que prévu. Je les ai doublé, hors d'haleine, mais je ne pouvais pas m'arrêter, sous peine de passer pour un guignol. Je donc continué quelques instants, jusqu'à avoir une vingtaine de mètres d'avance. J'ai alors fait (semblant de faire) une photo, histoire de me reposer un peu, puis juste avant qu'ils n'arrivent à mon niveau, je suis reparti vers le sommet.
Sur le plateau sommital du sommet Ouest. Le sommet est tout proche !
A quelques mètres du sommet ! On y est presque !
Les derniers mètres sont un soulagement. Après tous ces jours à douter de pouvoir arriver au sommet (peur de l'évolution de la météo, peur du mal des montagnes, peur d'avoir un coup de moins bien, ...), c'est un véritable soulagement. Etant le premier de mon groupe à arriver au sommet, je partage ma joie avec les gens déjà présents. Là-haut, il y a de toutes les nationalités et ça parle donc plutôt anglais. Heureusement pour moi ! J'ai ensuite parlé quelques minutes avec un Russe qui tenait un étrange drapeau que je ne reconnaissais pas. Il m'a expliqué que c'était le drapeau de chez lui : la République de Touva, l'un des sujets de la fédération de Russie (plus ou moins l'équivalent de nos régions), qui se trouve à la frontière de la Mongolie. Ensuite, j'ai accroché un porte-clés avec la photo de mon défunt lapin, Pino, sur le cairn sommital. Puis, Julien est arrivé et m'a partager une gorgée de son "Whisky des sommets", une flasque dont il ne boit une gorgée qu'au sommet des montagnes du "Défi des 7 sommets". Après quelques minutes, Anika nous rejoint, puis Florent, qui a du mal à finir les derniers mètres et qui semble une peu plus chancelant que d'habitude, et surtout beaucoup moins lucide. Albert, qui ferme la marche, le pousse jusqu'au sommet ! Ca y est, on l'a fait ! On est au sommet du Mont Elbrouz, à 5642 m, le point culminant de d'Europe ! L'émotion est grande.
Le cairn sommital du sommet Ouest de l'Elbrouz.
Le porte-clés de Pino, accroché sur le cairn sommital.
Comme d'habitude depuis un sommet, voici un tour d'horizon photographique (de la gauche vers la droite) pour vous présenter la vue. Passez votre souris sur le nom d'une montagne dans la description d'une photo pour la voir entourée sur la photo correspondante (n'étant pas un spécialiste du secteur, je vais peut-être omettre des sommets "mythiques").
On commence en direction du Sud-Ouest. Entre autres, on a le Gora Kharikhra (3710 m) et le Gora Gvandra (3984 m).
Un peu plus sur la droite, on a le Gora Dombay-Ul'gen (4046 m) et Mt'a Ertsakho (3910 m).
On voit maintenant le Gora El'bashi (3163 m) et le Gora Zarausa.
Encore un peu sur la droite, on a le Gora Kyzylkaya (3642 m) et le Gora Beshtau (1400 m, à environ 95 km, la montagne qui domine Piatigorsk, la ville où nous passerons notre dernier jour). Au centre de la photo, on voit également la route par laquelle nous sommes arrivés au camp de base.
Au premier plan, la voie normale qui arrive au sommet. Au fond, on a également le Gora Bodurku (3619 m) et le Gora Karakaya (3646 m).
Au premier plan, le plateau sommital du sommet Ouest de l'Elbrouz, et au-dessus à gauche, le sommet Est de l'Elbrouz (5621 m). Au fond à droite, on a le Gora Koshtantau (5152 m), le Gora Dikhtau (5204 m), le Schchara (5201 m), le Gora Dzhangitau (5058 m), le Mta Tetnuldi (4852 m) et le Mta Ushba (4700 m).
Encore le plateau sommital du sommet Ouest de l'Elbrouz, avec Mta Laili (3985 m) au-dessus.
Enfin, on finit notre tour d'horizon avec le Mt'a Shdavleri (3996 m).
Enfin, un panorama à 360° depuis le sommet. Pour le voir en haute définition, clic droit dessus, puis "Afficher l'image", puis cliquez dessus pour zoomer.
Maintenant, quelques photos des summiters !
Anika qui arrive au sommet. A la fin du groupe, on voit également Florent et Albert.
Ayant vu tout le monde faire ça dans les comptes-rendus d'ascension, j'avais demandé à Florent de ramener son drapeau français pour pouvoir poser avec au sommet. Me voilà donc en bon kéké-touriste au sommet !
Les 3 Français au sommet. De gauche à droite : moi, Florent et Julien. Florent tient dans sa main une dent, découverte dans son sac. A ce jour, le mystère persiste !
Tous les "survivants" de notre groupe, au sommet de l'Elbrouz (Albert en bas à gauche et Anika en bas à droite). Quand je disais que Florent était moyennement lucide, on le voit bien sur cette photo avec son pouce horizontal. :P
Après plus d'une heure (pour moi en tous cas) passée au sommet, sous une météo radieuse (même pas froid avec seulement un t-shirt et une veste polaire ! (le Buff sur le visage servait à me protéger du Soleil)), il a bien fallu penser à redescendre. C'est donc à contre-cœur que nous avons attaqué la redescente. Pour cette partie, pas de secret : il suffit de suivre l'itinéraire de montée dans le sens inverse. On commence donc par suivre la trace de voie normale de la face Sud jusqu'à revenir au-dessus du col. Là, on quitte la piste pour redescendre droit sur le col, puis on redescend par la face Nord, là où l'on est monté : on longe les Rochers de Lenz, puis on revient à la roue d'hélicoptère et enfin, on redescend au camp d'assaut par l'interminable et régulière pente de neige.
Début de la redescente, on quitte le sommet de l'Elbrouz.
De retour au-dessus du col entre les deux sommets, on quitte la trace de la face Sud pour redescendre droit dans la pente.
Redescente vers le col entre les deux sommets. En haut, on voit le sommet Est de l'Elbrouz.
Une fois au col, on rebascule vers la face Nord.
Retour vers les Rochers de Lenz.
Redescente le long des Rochers de Lenz.
Retour à la roue d'hélicoptère.
Retour en vue du camp d'assaut (sur la langue de rochers, à gauche), alors que quelques nuages arrivent.
Retour au camp d'assaut, après 14h30 de marche !
Petit regard vers le sommet en revenant au camp d'assaut. A gauche de la photo, on devine 4 points, c'est le reste du groupe. Juste au-dessus d'eux, on devine une trace qui se sépare en deux : c'est à cet endroit que nous nous sommes désencordés pour rentrer chacun à notre rythme. Les autres membres du groupe étant au bout de leurs forces, je me suis gentiment permis de les abandonner ! :P L'appel de la nourriture était trop fort.
Après cette grosse journée (environ 20 km pour 1860 m de D+), un repos bien mérité nous attendait, avant de redescendre au camp de base le lendemain.
Jour 7 : Camp d'assaut - Camp de base
Pour cette septième journée en Russie, pas de réveil. Le but de la journée est simplement de redescendre au camp de base pour aller retrouver le taxi 4x4 qui doit nous emmener à Piatigorsk. Après un dernier petit-déjeuner au camp d'assaut, on attaque la redescente. Pour varier un peu par rapport à la montée, on descend du côté où nous avions fait notre école de glace, puis nous rejoignons "la Lune" par un petit vallon neigeux. Ensuite, la descente suit l'itinéraire de la montée en sens inverse : redescente au camp 1, puis redescente à l'Aérodrome Allemand (où nous essuierons une violente averse de grêle), et enfin redescente au camp de base.
Dernier réveil au camp d'assaut.
Départ du camp d'assaut, par l'endroit où nous avions fait notre école de glace.
Descente du vallon neigeux, pour revenir à "la Lune".
De retour vers "la Lune".
Traversée retour de "la Lune".
Un des derniers regards vers le sommet, depuis "la Lune". Après y être monté, un sentiment de satisfaction nous envahit en le regardant.
Redescente de l'épaule, au-dessus du camp 1 (on le voit au centre de la photo).
Regard en arrière en descendant l'épaule au-dessus du camp 1. On voit encore le sommet de l'Elbrouz, au fond.
Redescente sur le camp 1.
Redescente sur l'Aérodrome Allemand.
Averse de grêle sur l'Aérodrome Allemand.
Les grêlons que nous avons pris sur la tête. Sans être trop gros, ils étaient quand même assez conséquents pour nous faire mal.
Retour en haut des gorges qui débouchent au camp de base.
Redescente des gorges qui débouchent au camp de base (que l'on devine au-dessus à gauche du centre de la photo).
Retour au camp de base de la face Nord de l'Elbrouz.
Une fois de retour au camp de bas, nous avons attendu notre taxi 4x4 dans un petit café. Nous en avons profité pour acheter un t-shirt en souvenir.
Le t-shirt souvenir de notre ascension. En russe, il est écrit : "Je ne fume pas, je gravis l'Elbrouz".
Attente de notre fidèle UAZ 452 au camp de base.
Après quelques heures d'attente et de repos au camp de base, notre taxi-van est arrivé. Nous avons donc retraversé le torrent Kyzylkol pour reprendre la route, en direction de Piatigorsk. Mais avant la route, il fallait repasser par la piste assez périlleuse, ce qui ne rassurait personne. Après quelques secousses et quelques cris, nous sommes revenus, sains et saufs, sur la route. Il ne restait alors plus que de longues heures de route jusqu'à notre hôtel à Piatigorsk, dans lequel nous allions pouvoir profiter d'un repos bien mérité.
Retour vers notre taxi-van, de l'autre côté du torrent Kyzylkol.
Notre van, prêt pour le trajet retour (les sacs étaient dans la bâche, sur le toit).
Trajet retour, dans le mythique UAZ 452.
Jour 8 : Piatigorsk
Réveil tranquille pour notre dernier jour en Russie. Cette journée servait de journée de réserve en cas de mauvais temps. Tout s'étant passé pour le mieux, nous avons donc bénéficié d'une journée de tourisme à Piatigorsk. Au programme : déambulation dans la ville, restaurant et, même si je ne suis vraiment pas fan de foot, Coupe du Monde de Football 2018 en Russie et match de la France obligent, passage dans un bar avec retransmission du match du jour (France - Australie). La ville étant assez peu touristique, il n'y avait que des Russes dans le bar. Notre petit groupe de 4 Français n'est donc pas passé inaperçu et du coup, tout le bar était pour la France. Très bonne ambiance russe garantie ! Nous avons fini la journée dans un petit restaurant qui servait des spécialités géorgiennes. Avec un menu en russe, personne ne parlant anglais dans le restaurant et un végan dans le groupe, la commande a été épique ...
Dans l'ordre de lecture : une immense statue de Lénine à Piatigorsk, une rue de Piatigorsk, une voiture typique de Russie et mon plat dans le restaurant Géorgien (je ne me rappelle plus ce que c'était, mais c'était bon).
Après cette dernière journée, retour à l'hôtel pour une dernière nuit russe avant de retourner à l'aéroport.
Jour 9 : retour en France
Pour ce jour de retour en France, un taxi est venu nous chercher à l'hôtel et nous a emmené à l'aéroport de Mineralnye Vody. Au revoir la Russie, c'était sympa !
Dans l'ordre de lecture : vue sur Piatigorsk depuis notre hôtel, un MacDonald's en Russie, un portrait géant de Lénine en haut d'un immeuble et l'aéroport de Mineralnye Vody
Et voilà, c'est la fin de cette superbe expédition sur le Mont Elbrouz, le plus haut sommet d'Europe. En plus de sa situation assez particulière de volcan au cœur d'une chaîne de montagne, qui offre une vue très différente de ce que l'on peut voir dans les Alpes, la Russie vient rajouter un grain d'inattendu dans ce voyage. Une fois la difficulté des formalités administratives d'avant-voyage surmontée, grâce à bigmountain.ru, la suite se passe comme sur des roulettes !
Profil altimétrique
Tracé de la rando
Informations rando
Durée
22h 46min
Distance
37.93 km
Dénivelé
3114 m
Altitude max
5642 m
Altitude min
2538 m
Massif
Autre
Engagement
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Exposition
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Niveau physique
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En famille
NON
Restrictions
Formalités administratives très compliquées pour aller en Russie. Concernant l'Elbrouz, même si l'itinéraire est techniquement facile, les conditions météorologiques peuvent être extrêmes sur ce sommet.
Itinéraire
Expédition
Jour 1
Jour 1 bis
Jour 2
Jour 3
Jour 4
Jour 5
Jour 6
+
-