Véritable vallée secrête perchée sur la crête de la Sétaz, la Plan des Moutons est un îlot de solitude auquel très
peu de randonneurs se rendent. A plus de 2500 mètres d'altitude, on y domine toute la vallée de la Valloirette sans
que personne ne se doute de notre présence.
Première approche
Après l'avoir vu sur une carte étant tout jeune, cet endroit me semblait tellement inaccessible que je l'ai
longtemps imaginé comme une "vallée merveilleuse". Chaque année, j'implorais mon père de m'y emmener,
mais malgré plusieurs tentatives, aucune n'a pu aboutir car nous ne passions pas par le bon itinéraire.
Ce n'est finalement que bien des années plus tard, une fois "autonome" et avec les précieuses indications de Jérôme,
patron du restaurant La Poutre à Bonnenuit, que j'ai enfin pu accéder à ce lieu qui me tenait tant à coeur.
L'itinéraire est au final relativement simple, mais n'est pas forcément celui que l'on tenterait au premier abord :
depuis le parking à la sortie de Bonnenuit il suffit de monter droit dans la pente vers le Plan des Moutons.
La redescente s'effectue par le même itinéraire.
Le Plan des Moutons, niché sur la crête de la Sétaz.
Itinéraire à suivre
La randonnée commence donc après le hameau de Bonnenuit, au parking qui se trouve juste après l'entrée du restaurant
La Poutre. Juste au-dessus du ce parking passe un chemin sur lequel se trouve une croix. Il faut commencer par
rejoindre ce chemin en prenant la route sur quelques dizaines de mètres.
La croix depuis le parking. Le Plan des Moutons se trouve sur la crête, juste à gauche du poteau.Le chemin qui passe vers la croix. On ne va le suivre que quelques mètres.
Une fois sur ce chemin, il faut aller jusqu'à la croix puis une trace par dans les près sur la droite
(la trace est encore probablement balisée en orange puisqu'elle sert au Trail du Galibier).
On quitte alors le chemin et il n'y en aura plus aucun sur la totalité de l'itinéraire,
jusqu'à notre retour à ce point.
Vue sur la montée du Plan des Moutons. Il se trouve au niveau du point le plus bas sur la crête.
La montée va se décomposer en trois portions assez verticales entrecoupées de replats. Comme déjà expliqué,
il suffit de monter droit dans la pente. Pendant que l'on commence à monter, on peut admirer une belle arche rocheuse
derrière nous, sur la Haute Paré.
Le premier "mur" est moins pentu que les deux autres et se passe donc plus facilement. Depuis le replat qui le suit,
la vue commence à se dégager sur le vallon des Aiguilles d'Arves. A cet endroit, si la météo a été favorable, on peut
également rencontrer de nombreuses vesses-de-loup, certaines aussi grosses que des balles de handball.
Une très grosse vesse-de-loup. S'il vous reste de la place dans le sac à dos,
ça peut faire de quoi manger le soir !Vue en arrière aux alentours du sommet du premier "mur". De gauche à droite on voit
la Haute Paré, les Aiguilles d'Arves,
l'Aiguille de l'Epaisseur et
la Pointe des Ratissières.
Le deuxième "mur" est un peu moins long mais comporte un passage plus vertical.
Le deuxième "mur" vu depuis le sommet du premier. On voit que le replat intermédiaire n'est pas très long.
Généralement, je passe sur la droite du ruisseau que l'on voit au centre de l'image. Il faut ensuite arriver
en bas à gauche du gros rocher sombre que l'on voit en haut de la photo.Regard en arrière en haut du deuxième "mur". D'en bas on ne voyait que de l'herbe. D'en haut on voit que le sol
est en fait constitué de "marches" terreuses.
Quand on arrive en haut du deuxième "mur", le second replat est encore moins long que le premier et on se trouve donc directement au pied de
la dernière difficulté. Il faut alors remonter une première pente en éboulis jusqu'au pied de la première barre rocheuse.
Au pied du dernier "mur", le plus impressionnant.
Entre les barres rocheuses, le chemin à suivre serait assez complexe à expliquer, un dessin sera donc d'une grande utilité.
Le chemin à suivre. Au début c'est assez évident, puis à l'endroit ou le trait rouge part le plus sur la droite,
on passe la barre rocheuse grâce à une vire. On arrive alors au pied des cheminées qu'il faut remonter.Le même mur, vu depuis le flanc Est de la Roche Olvéra.
On voit bien l'enchaînement des barres rocheuses ainsi que la verticalité des pentes herbeuses.
Jusqu'à la vire l'itinéraire n'est pas trop impressionnant, puis la pente se fait plus raide, avec en plus des endroits
très verticaux dus aux barres rocheuses. Dans toute cette zone, les edelweiss sont omniprésentes.
Une edelweiss dans le "mur" final.La vire sur la dernière barre rocheuse.
Une fois en haut de la vire, il y a une pente herbeuse qui mène aux cheminées. Si l'herbe est humide, le risque de chute est alors très élevé.
Il faut avancer avec grande précaution. Pour les cheminées je prends généralement celle qui se trouve directement au-dessus quand on sort de la vire.
Dans sa partie basse, un piton rocheux la sépare en deux parties. Le mieux est de passer sur le droite du piton rocheux et lorsque la cheminée
se re-sépare en deux, prendre l'option de gauche qui est nettement moins large et qui permet de se tenir aux parois rocheuses de chaque côté.
On se sent ainsi plus en sécurité.
Au pied des cheminées, le passage sur la droite du piton rocheux.
Une fois au sommet des cheminées, on arrive enfin au Plan des Moutons. On a monté presque 800 mètres de dénivelé
et parcouru un peu plus de 2 km. C'est la randonnée avec la pente moyenne la plus forte que je propose sur ce site.
On n'a donc pas volé une bonne pause, que l'on peut prolonger aussi longtemps que la météo et la tombée de la nuit le permettent.
Il est vraiment difficile de résister à la vue et à la tranquillité du lieu, mais pour des raisons évidentes de sécurité,
il vaut mieux éviter de redescendre le "mur" final de nuit. En cas de mauvaise météo, toute la pente, du sommet à Bonnenuit,
est très exposée aux éclairs. Si ce n'est "que" de la pluie, il vaut mieux avoir redescendu les deux murs du haut avant
que l'itinéraire ne soit humide.
Un petit tour sur le Plan des Moutons donne vraiment l'impression d'être hors du temps.
Depuis notre petite vallée perchée, c'est comme si tout le reste disparaissait.
Vue sur le Pas de la Sétaz Vieille en s'enfonçant dans le Plan des Moutons.
Pour rejoindre les Pointes d'Orient, on grimpe la pente de droite.Le Plan des Moutons vu depuis l'autre côté. Un planeur passait à ce moment-là
(au-dessus à gauche du Pic des Trois Evêchés).Une soldanelle des Alpes au Plan des Moutons.
Après avoir fait le plein de calme autant de temps que nécessaire, la redescente demande quand même un
peu de concentration. L'itinéraire à suivre est le même qu'à la montée.
Redescente par la même cheminée qu'à la montée.Retour au piton rocheux en bas de la cheminée.Retour à la vire pour passer la barre rocheuse. Mieux vaut ne pas se tromper de chemin, la chute serait fatale !Regard en arrière quand on se trouve en bas du "mur final" ("mur final" pour arriver au Plan des Moutons).
La vire est juste au-dessus de Sébastien (en noir).
Il ne reste alors plus qu'une seule difficulté, le deuxième "mur". Si l'on est pas pressé par un orage ou qu'il ne pleut
pas, il n'y a normalement aucun danger.
Vue vers Bonnenuit depuis le haut du deuxième "mur".Regard en arrière en bas du deuxième "mur".
Le premier "mur" (le dernier en redescendant) est quant à lui beaucoup moins pentu que les autres et ne présente aucune difficulté.
Il se redescend donc très facilement et assez rapidement. En bas, les arbres marquent la fin de la randonnée.
En chemin il est possible de croiser quelques lys martagons.
Un lys martagon dans le premier "mur".Retour vers le bas du premier "mur". Les arbres se rapprochent !Les arbres en bas du premier "mur". Le parking est alors tout proche.
Une fois de retour aux arbres, la randonnée est presque finie. Il ne reste plus qu'à rejoindre la croix sur le chemin, puis le parking.
Retour au parking.
Cette courte mais physique randonnée nous aura donc mené au Plan des Moutons, petit cirque caché sur la crête de la Sétaz.
Maintenant que l'on est en bas, quoi de mieux qu'un petit passage à La poutre pour reprendre des forces et
se remettre de nos émotions ?